Évaluer les normes de co-bénéfice du carbone : Libérer la valeur des projets carbone de haute qualité

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Il est de plus en plus évident que l'action climatique doit aller de pair avec le développement durable, la conservation de la biodiversité et l'autonomisation des communautés qui se trouvent en première ligne du changement climatique. Cette approche holistique est essentielle pour garantir que l'action climatique soit efficace, durable et adaptée aux contextes locaux. Par conséquent, les projets carbone doivent viser non seulement à éviter les impacts négatifs, mais aussi à générer des avantages pour l'environnement et les parties prenantes locales. Les co-bénéfices d'un projet peuvent inclure les impacts environnementaux, économiques, sociaux et culturels positifs d'un projet, et sont souvent inscrits aux Objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies, qui fournissent un cadre global pour relever les défis mondiaux. 

Il existe un nombre croissant de standards de certification qui permettent aux développeurs de projets carbone de suivre et rapporter leurs contributions au développement durable. Il s'agit notamment de standards de certification carbone qui intègrent directement les impacts relatifs aux ODD, comme le Gold Standard et le Verified Carbon Standard (VCS), ainsi que des standards dédiés aux co-bénéfices, comme la Climate, Community and Biodiversity Standard (CCB) et la Sustainable Development Verified Impact Standard (SD VISta), qui peuvent être combinés à une certification VCS ou, dans le cas de SD VISta, être utilisé pour générer des "actifs" d'impact d'ODD dédiés.  

L'objectif de cet article est double : offrir un aperçu des principaux standards dits de "co-bénéfices" aux développeurs de projets qui envisagent de les adopter et apporter des informations utiles aux acheteurs potentiels de ces crédits. Ce faisant, nous souhaitons mettre en lumière l'aspect dynamique de ces cadres de certification, où l'action climatique converge avec les objectifs de durabilité au sens large. 

Impacts ODD intégrés dans le cadre des standards de certification carbone

Jusqu'à récemment, le Gold Standard était l'une des rares normes internationales de certification volontaire du carbone qui exigeait des développeurs de projets qu'ils démontrent que leur projet contribuait à la réalisation d'au moins trois ODD. Pour chaque type de projet, les indicateurs SDG sont choisis grâce à l'outil SDG propriétaire de la Gold Standard, et toutes les déclarations faites sont auditées aux étapes de validation et de vérification. L'outil SDG indique également comment chaque indicateur SDG doit être quantifié et contrôlé. En outre, le Gold Standard soutient également la certification des impacts des ODD, tels que les labels de certificats d'énergie renouvelable, les certificats de bénéfices pour l'eau, les impacts sur l'égalité des sexes, l'amélioration des résultats en matière de santé et les réductions de carbone noir. Le Gold Standard a développé des méthodologies spécifiques pour certifier ces co-bénéfices, offrant ainsi une approche de quantification et de suivi plus complète. 

Cependant, depuis janvier 2023, tous les projets nouvellement enregistrés dans le cadre du VCS de Verra doivent également démontrer que leurs projets contribuent à la réalisation d'au moins trois objectifs de développement durable. La principale différence entre les deux est que si le Gold Standard vérifie ces affirmations, le VCS ne vérifie pas nécessairement les résultats exacts obtenus. Les auditeurs se contentent de confirmer que les actions qui ont conduit à la contribution au développement durable ont bien eu lieu. Pour une inclusion et une vérification plus rigoureuses des objectifs de développement durable, les certifications SD VISta et CCB peuvent être ajoutées à une certification VCS afin d'aller plus loin et de garantir que les déclarations de développement durable sont solides et confirmées par une tierce partie indépendante. 

Le Sustainable Development Verified Impact Standard (SD VISta) 

SD VISta a été lancé début de 2019 et compte, en novembre 2023, plus de 35 projets enregistrés. Il permet aux développeurs de projets de revendiquer la contribution aux ODD de leurs projets et d'ajouter des "labels" aux crédits carbone émis par le VCS, mais aussi de générer des actifs ODD négociables, représentant une unité d'un impact spécifique en matière de développement durable. Si les développeurs de projets sont libres d'utiliser leur propre méthodologie pour quantifier les impacts, ils doivent utiliser une méthodologie approuvée par SD VISta pour générer des actifs ODD négociables. Il convient de noter que ces actifs ne doivent pas être utilisés à des fins de compensation.  

En novembre 2023, il n'existait qu'une seule méthodologie SD VISta approuvée, qui permet aux projets de générer des unités de gain de temps à partir de l'utilisation de réchauds améliorés. Cela permet de cibler spécifiquement les ODD 5.4 et 8.4. En outre, le programme SD VISta développe actuellement une méthodologie relative à la biodiversité, appelée "Nature Framework", qui permettra aux projets de générer des crédits nature.  

Les crédits nature, qui correspondent à une amélioration de la biodiversité dans une zone donnée, permettraient de financer des projets dans des zones écologiquement uniques mais menacées, afin de promouvoir la conservation écologique et d'empêcher la disparition d'espèces. Cette nouvelle initiative répond au besoin et à la demande croissante en matière de conservation de la biodiversité, en particulier aux objectifs du cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal. De plus amples informations sur ce nouveau cadre et sur les projets pilotes seront bientôt publiées.  

Dans l'ensemble, le programme SD VISta va beaucoup plus loin qu'une simple certification VCS en faisant appel à des auditeurs experts tiers pour évaluer rigoureusement les contributions d'un projet au développement durable. Ce processus de vérification impartial garantit la fiabilité des déclarations relatives aux avantages sociaux et environnementaux générés par ces projets. Par conséquent, les acheteurs de crédits carbone labellisés SD VISta ont une assurance supplémentaire que les déclarations développement durable d'un projet ne sont pas exagérées et que les impacts du projet se sont réellement matérialisés. 

Le Climate, Community, and Biodiversity Standard (CCB) 

La standard CCB s'adresse spécifiquement aux projets carbone de changement d'affectation des terres qui, à la fois, s'attaquent au changement climatique, soutiennent les communautés locales et/ou les petits exploitants, et préservent la biodiversité. En novembre 2023, il comptait plus de 75 projets vérifiés (ayant délirés des crédits) et 50 autres projets en cours de validation (audit du concept du projet). 

Tableau 1. Comment les différents standards abordent les contributions au développement durable

Le standard est utilisé pour générer des labels CCB, qui peuvent être ajoutés aux crédits émis par le VCS (les VCU), mais, contrairement à SD VISta, celui-ci n'offre pas la possibilité d'émettre des "actifs" biodiversité. Le CCB attribue le "niveau or" aux projets qui remplissent certains critères dans l'une ou l'autre des trois catégories (climat, communautés et biodiversité). Pour l'or climat, les projets doivent démontrer un impact positif net sur l'adaptation au changement climatique ; pour l'or communauté, les projets doivent être menés par des petits exploitants ou bénéficier directement à des communautés pauvres ou vulnérables ; et pour l'or biodiversité, les projets doivent protéger ou améliorer les zones clés pour la biodiversité. 

Comme dans le cadre du standard SD VISta, toutes les déclarations faites par les projets sont rigoureusement vérifiées et évaluées par des auditeurs indépendants. Parmi les exigences du CCB, on peut citer l'évaluation approfondie des conditions de référence pour les communautés locales et la biodiversité dans la zone du projet, et la manière dont ces conditions pourraient évoluer dans le cadre du scénario référence et dans le scénario de projet. Ce processus implique de cartographier toutes les zones clés de biodiversité et à hautes valeurs de conservation présentes dans la zone du projet, et de développer une théorie du changement, en collaboration avec les communautés locales. 

Pourquoi les développeurs de projets devraient-ils poursuivre une telle certification ?

Reconnaissant l'importance croissante de ces co-bénéfices, les acheteurs de crédits carbone recherchent de plus en plus à soutenir des projets associés à des impacts socio et environnementaux vérifiés, au-delà des réductions d'émissions carbone. Une étude de l'ICROA portant sur 59 projets carbone a révélé que chaque tonne de CO2e réduite ou séquestrée peut générer jusqu'à $664 d'avantages économiques, sociaux et environnementaux supplémentaires, au-delà de l'atténuation du changement climatique. Par exemple, outre la réduction de la déforestation et de la dégradation des forêts, les projets de distribution de réchauds améliorés tendent à améliorer la santé de leurs bénéficiaires et à réduire le temps consacré à la collecte et à l'achat de bois de chauffe, ce qui a un impact positif sur les femmes et les enfants qui portent souvent le fardeau de la cuisine et de la collecte du bois. 

Un suivi efficace et une monétisation de ces avantages connexes permettraient d'orienter des flux financiers supplémentaires vers la réalisation des ODD à l'échelle mondiale. En outre, il est prouvé que les crédits carbone associés à des co-bénéfices vérifiés et bien documentés, tels que les crédits Gold Standard ou les crédits avec un label CCB ou SD VISta, se vendent avec un premium. D'après une analyse récente sur plus de 20 000 projets réalisés par Trove Research, les crédits issus de projets offrant des avantages sociétaux ont bénéficié d'un premium important, compris entre 15 et 40 %, en fonction du standard de certification. Les ODD ayant attiré les primes les plus importantes sont l'ODD 4 (éducation) et l'ODD 10 (réduction des inégalités). D'un autre côté, la première méthodologie d'actifs SD VISta n'ayant été approuvée que récemment, aucun projet n'a encore émis d'actifs négociables, ce qui rend la demande pour de tels produits et les prix auxquels ils se vendraient plus difficiles à prévoir. 

Au-delà des préférences des acheteurs, il est probable que la pression réglementaire et les principales initiatives d'intégrité du marché volontaire du carbone (MVC) finiront par exiger (ou du moins par encourager fortement) des développeurs de projets qu'ils conçoivent des projets contribuant activement au développement durable. Les principes fondamentaux du Conseil de l'intégrité pour le marché volontaire du carbone (IC-VCM) stipulent que les projets carbone doivent avoir un impact positif sur le développement durable et que de solides garanties environnementales et sociales doivent être mises en place.  

Défis possibles 

Cependant, le suivi et la quantification des co-bénéfices des projets carbone n'est pas une simple affaire. Bien que certains standards, comme le Gold Standard, fournissent des indicateurs peuvant être suivis et quantifiés pour tout type de projet, ce n'est pas le cas pour tous les standards. Le SD VISta et le CCB n'exigent pas des développeurs de projets qu'ils utilisent une méthodologie spécifique, mais exigent que la méthodologie choisie soit justifiée et clairement décrite. Cela signifie que les impacts peuvent être calculés de différentes manières, ce qui rend les comparaisons entre les projets difficiles.  

Cependant, il est important de trouver un équilibre entre flexibilité et standardisation, comme la création par le CCB de niveaux "Or", que les projets ne peuvent atteindre que s'ils répondent à certains critères. Cette approche vise à prendre en compte la diversité des projets, des objectifs et des contextes, tout en fournissant une référence pour l'excellence dans le cadre du programme. 

De même, SD VISta et CCB permettent aux développeurs de projets de bénéficier d'une grande flexibilité dans le choix de l'étendue et de la quantité d'impacts à rapporter et des indicateurs à suivre. Cela est essentiel pour garantir que les standards restent adaptés à une grande variété de projets et de contextes. Par conséquent, les acheteurs potentiels doivent procéder à une analyse complète des projets qu'ils souhaitent soutenir, afin de s'assurer que les co-bénéfices générés par les projets correspondent à leurs préférences ou à leurs exigences.  

Un autre défi pour les développeurs de projets est l'absence d'une prime de prix claire pour l'obtention de ces certifications supplémentaires de co-bénéfices. Toutefois, l'avènement des "Principes fondamentaux du carbone" du Conseil de l'intégrité pour le MVC est susceptible d'accroître la demande de crédits carbone de haute qualité, envoyant ainsi un signal de prix plus fort aux développeurs de projets, selon lequel une telle certification vaut le coût supplémentaire de sa mise en œuvre. 

Conclusion 

A un moment où l'action climatique est inextricablement liée au développement durable, à la conservation de la biodiversité et à l'autonomisation des communautés, la valeur des projets carbone de haute qualité ne peut être sous-estimée. Alors que la demande d'impacts positifs vérifiés continue de croître, les développeurs de projets et les acheteurs de crédits carbone devraient prendre en compte les avantages de faire certifier les co-bénéfices. Non seulement cela peut ouvrir la voie à des revenus supplémentaires, mais également de répondre à l'intérêt croissant des acheteurs pour des projets carbone bénéfiques sur le plan social et environnemental. 

Chez HAMERKOP, nous comprenons l'importance des projets carbone de haute qualité qui améliorent de manière significative le bien-être des communautés locales et des écosystèmes. Notre expertise des marchés du carbone et du développement durable nous permet de fournir des conseils précieux aux développeurs et aux acheteurs de projets. Nous pouvons vous aider à choisir le bon standard de certification, à suivre et quantifier les co-bénéfices, et à garantir que vos déclarations sont rigoureusement vérifiées par des tiers indépendants. Contactez-nous pour plus d'informations. 

L'équipe Hamerkop
L'univers toujours plus vaste des standards de certification carbone
 
 

Il y a une dizaine d'années, les analystes de la Banque mondiale prédisaient que d'ici 2025 à 2030, les marchés régionaux du carbone fusionneraient en un grand marché unique et mondial. Cette prédiction a été formulée dans le contexte des marchés réglementés du carbone qui se formaient à l'époque en Europe, en Amérique du Nord, en Australie et ailleurs. 

Bien que cela ne se soit pas concrétisé, et que les marchés règlementés opèrent toujours au niveau national ou régional, le marché volontaire du carbone (MVC) ne se développe pas plus simplement.  

Bien que l'impact et la dynamique du MVC soient plus globaux, le nombre croissant de standards de certification carbone l'a rendu plus complexe. 

Comme expliqué dans notre manuel sur la finance carbone  , le rôle de la plupart des normes de certification carbone est de remplir trois fonctions principales : 

  • Élaborer, approuver et mettre à jour les règles, les principes et les exigences définissant les conditions dans lesquelles les crédits carbone peuvent être délivrés. 

  • Examiner les projets de compensation carbone à la lumière de ces règles, principes et exigences. 

  • Gérer un registre qui permet d'émettre, de transférer et d'annuler les crédits carbone. 

Alors que le MVC a opéré pendant près de 15 ans (de 1996 à 2010) avec environ 6 standards de certification, ces dernières années ont vu l'apparition de nombreux standards concurrents.  

Cela peut s'expliquer par plusieurs facteurs : 

  • Le besoin de standdards sectoriels spécialisés offrant des outils et des méthodologies moins nombreux et plus ciblés avec des simplifications, telles que des méthodologies unique pour tous les projets ou des outils de calcul des réductions d'émissions avec des paramètres pré-remplis. C'est notamment le cas du Woodland Carbon Code, de MoorFutures et du Forest Carbon Partnership Facility de la Banque mondiale, tous établis en 2011 et respectivement spécialisés dans le boisement, les tourbières et le programme REDD et plus récemment avec le Hemp Carbon Standard et le Peatland Protocol au Royaume-Uni.  

  • La nécessité d'avoir des standards culturellement adaptés: tout le monde ne peut pas travailler en anglais. Les dispositifs nationaux ou régionaux peuvent être rendus plus accessibles lorsqu'ils sont disponibles dans la langue locale (ex: français, espagnol, japonais, etc.). C'est le cas du dispositif français Label Bas Carbone, mis en place pour soutenir la transition écologique et énergétique dans des secteurs où les émissions de gaz à effet de serre sont difficiles à réduire (ex: agriculture, transport, forêts), ou du dispositif J-credits, un dispositif en langue japonaise spécifiquement adapté aux normes culturelles du pays.  

  • Le besoin de standards adaptés à un contexte spécifique : les standards nationaux ou géographiquement spécialisés peuvent fournir des valeurs par défaut et pertinentes au niveau local qui simplifient le processus de certification et de vérification. Par exemple, ART TREES fournit un cadre de soutien pour aider les nations à mettre en place des programmes REDD nationaux. Un autre exemple spécifique au contexte est le système Carbon Credit Unit Scheme australien (anciennement Emission Reduction Fund) conçu pour catalyser la transition vers une situation zéro émission nette d'ici 2050. 

  • La nécessité de standards moins gourmands en ressources: à mesure que les principaux standars gagnent en complexité pour répondre aux besoins d'intégrité du marché, il se crée un espace pour des standards moins sophistiqués et plus innovants. C'est notamment le cas du Global Carbon Council ou de CerCarbono, perçus comme des copies simplifiées du mécanisme de développement propre des Nations unies et du VCS, ou du CSA Canadien, qui exige uniquement que les projets comptabilisent leurs émissions conformément aux protocoles ISO. 

Sachant que 7 nouveaux standards de certification carbone ont vu le jour en 2023, soit autant que les quatre années précédentes combinées, on peut s'attendre à ce que le nombre de standards continue d'augmenter, avant de se consolider, comme ce fut le cas avec le rachat de CarbonFix par le Gold Standard, et dans une certaine mesure avec les standards VCS et Climate Community and Biodiversity. 

Ce premier diagramme montre les 37 standards gérés par des organisations à but non lucratif. 

 
 

La tendance la plus récente dans l'univers de la certification carbone est la montée en puissance d'un nouveau type de standards : les standards de certification carbone verticalement intégrés et/ou commerciaux. 

Ils se distinguent des standards de certification traditionnels par leur approche plus commerciale, dirigée par une structure de type entreprise et offrant souvent une approche intégrée verticalement (ou de bout en bout) et qui servent les fonctions suivantes : 

  • Etablir les règles pour l'émission de crédits carbone - comme le font les systèmes traditionnels 

  • Intégrer les activités de réduction/séquestration carbone sans faire appel à des tiers techniques, en fournissant à la fois une assistance technique et des interfaces dédiées  

  • Approuver les projets carbone, comme le font les standards traditionnels 

  • Délivrer des crédits carbone, comme le font les systèmes traditionnels 

  • Offrir à ces crédits une place de marché et/ou service de mise en relation dédiés. 

Beaucoup d'entre eux s'appliquent à des activités à petite échelle, hautement reproductibles, et à des sources d'émissions plus diffuses. Ils s'appliquent principalement à : 

  • L'agriculture (ex : agriculture régénératrice et carbone du sol) 

  • L'élimination artificielle et à long terme du carbone (ex : amélioration de l'altération rocheuse, minéralisation, biochar) 

  • La plantation d'arbres et la gestion forestière par des petits exploitants (ex : paysages fragmentés) 

Ils ont également la particularité d'utiliser davantage la technologie pour : 

  • Contrôler les impacts (ex : par LiDAR, imagerie satellitaire) 

  • Élaborer de nouveaux concepts d'impact (ex : le tonne-année pour les projets de gestion forestière) 

  • Tokeniser et faciliter les transactions via la blockchain 

Le nombre de standards est susceptible d'augmenter de manière significative au cours des prochaines années, car le marché est encore naissant... 

 
 

Avec les dizaines de standards de certification carbone existants, il peut être difficile de comprendre leurs différents champs d'application.  

Bien qu'ils aient tous des objectifs légèrement différents, ils peuvent être classés comme suit : 

  • Utilisation des terres, changement d'affectation des terres et foresterie (y compris agroforesterie, gestion des terres, boisement et reboisement) 

  • Conservation et REDD+ (y compris niveaux projet et juridiction) 

  • Élimination du dioxyde de carbone (y compris l'élimination du carbone via l'ingénierie, le biochar) 

  • Réduction des émissions de gaz à effet de serre et efficacité énergétique dans l'industrie 

  • Capture du méthane (y compris le traitement et l'élimination des déchets) 

  • Énergies renouvelables 

  • Efficacité énergétique domestique (y compris les réchauds améliorés, l'éclairage efficace, l'accès à l'eau, l'efficacité énergétique des bâtiments) 

Ce diagramme rassemble les 48 standards identifiés comme étant actuellement en vigueur, sans ordre particulier :

 
 

Le succès et le développement de chaque standard dépendent de leur niveau d'ambition et de leur approche de la certification, ce qui, à son tour, dicte leur attrait sur le marché. 

En règle générale, plus le standard de certification est ancien, plus le nombre de projets certifiés est important, néanmoins : 

  • Certains standards géographiquement spécialisés (ex : les standards américains, etc.) sont à la traîne par rapport à certains standards plus récents (ex : le Global Carbon Council) 

  • Certaines standards géographiquement spécialisés ont gagné beaucoup de terrain en peu de temps (ex : le Label Bas Carbone en France avec 575 depuis 2018) 

  • Certains standards technologiquement innovants gagnent du terrain et s'étendent rapidement (ex : Universal Carbon Standard - UCR). 

  • Un certain nombre de normes n'ont pas encore trouvé leur place, même après un certain temps (par exemple, Plan Vivo, City Forest Credits, CredibleCarbon, NFS) 

Beaucoup de ces standards sont encore en phase d'acquisition de parts de marché. 

Dans ce diagramme, nous décomposons la taille des standards de certification en fonction du nombre de projets qu'ils ont certifié/enregistré :

 
 

CONCLUSION  

Cette analyse vise à éclaircir le monde complexe des standards de certification carbone à un moment où les sponsors financiers et les acheteurs de crédits carbone sont à la recherche de clarté et de visibilité sur la qualité de leurs investissements et de leurs achats.  

Les experts de HAMERKOP ont plus d'une décennie d'expérience dans l'écosystème du marché du carbone, y compris l'évaluation et le soutien à la création de nouveaux standards et méthodologies de certification et le soutien aux développeurs de projets dans la sélection des standards les plus adaptés et la conception de leur intervention d'atténuation du changement climatique en conséquence. Si vous recherchez un soutien dans ce domaine, nous pouvons vous aider, contactez-nous

Il s'agit d'un univers très dynamique et si vous connaissez un standard qui qui devrait être sur ces diagrammes, n'hésitez pas à nous le faire savoir, car nous les mettrons à jour régulièrement ! 

 
L'équipe Hamerkop
Le marché volontaire du carbone a-t-il sa place à l'ère de l'accord de Paris ?

Comme la plupart d'entre vous le savent, nous sommes actuellement à l'ère de l'Accord de Paris, avec un consensus mondial sur la façon dont nous prévoyons de lutter contre le changement climatique. Cet accord a été conclu en 2015 par les membres de la Conférence des parties (COP) à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Il marque le début de ce que certains appellent l'ère de l'accord de Paris, au cours de laquelle presque tous les pays du monde se sont engagés à prendre des mesures concrètes contre le changement climatique et à rendre compte de leurs progrès à la communauté internationale. Les pays tenteront de se responsabiliser mutuellement et d'accroître leur ambition au fil du temps, tout en accordant la priorité à l'adaptation au climat et au développement durable dans les pays en développement. 

La compensation volontaire est un outil d'action climatique parmi d'autres. Les entreprises peuvent compenser leurs propres émissions en achetant des unités d'émissions réduites ailleurs et ayant fait l'objet d'un audit et d'une vérification. Chaque unité, également appelée "crédit carbone", équivaut à une tonne de CO2e (unité normalisée de gaz à effet de serre). Cette démarche s'inscrit dans le cadre du marché volontaire du carbone (VCM) et constitue un moyen souple pour les entreprises d'atteindre leurs objectifs en vue de parvenir à un bilan net nul. Mais comment cela s'inscrit-il dans le contexte plus large de l'Accord de Paris ? Et que signifient les développements récents de l'Accord de Paris (tels que l'article 6) pour le marché volontaire ? Ce billet de blog commencera à répondre à ces questions et donnera un aperçu de la manière dont tout cela s'articule et de la direction que cela pourrait prendre. 

Le marché volontaire du carbone : D'où vient-il et pourquoi existe-t-il ?  

Le concept selon lequel des entités peuvent volontairement acheter des réductions d'émissions pour atteindre leurs propres objectifs existe depuis un certain temps (en fait, le premier projet de compensation du carbone a eu lieu en 1989 - un projet d'agroforesterie au Guatemala [1]), mais il est devenu mondialement reconnu en 1997 grâce au protocole de Kyoto (le premier accord sur le changement climatique signé par la majorité des pays du monde). Essentiellement, un marché pour l'échange volontaire d'unités de réduction d'émissions a été mis en place afin que les pays industrialisés puissent atteindre leurs objectifs de réduction d'émissions en finançant des projets dans les pays en développement et en achetant ces unités de réduction d'émissions.  

Ce mécanisme, qui n'est pas sans faille, a permis aux investissements d'affluer vers des projets climatiques dans les pays du Sud, tandis que les pays industrialisés avaient accès à la flexibilité nécessaire pour cibler plus efficacement leurs réductions d'émissions. Le cadre mis en place à cet effet s'appelait le mécanisme de développement propre (MDP) et permettait aux pays d'utiliser les crédits achetés pour atteindre leurs objectifs nationaux définis dans le protocole de Kyoto. Le MDP a indirectement donné naissance au marché volontaire du carbone (MVC), car les entités économiques, qui n'étaient pas contraintes par la loi de réduire leurs émissions, ont commencé à acheter des crédits du MDP pour compenser volontairement leurs émissions.  

Actuellement, les organisations actives dans le cadre du VCM peuvent acheter des crédits carbone générés par des projets qui éliminent les gaz à effet de serre de l'atmosphère (par exemple, la plantation d'arbres) ou qui évitent l'émission de gaz à effet de serre dans l'atmosphère (par exemple, le passage d'une source d'énergie du charbon à l'énergie solaire). 

Étant donné que ce secteur n'est pas réglementé, les organisations de la CVM ont plusieurs choix lorsqu'elles achètent des crédits carbone, qui sont tous créés en suivant des méthodologies normalisées basées sur la science et sont délivrés par des normes de certification indépendantes qui mandatent et effectuent des audits et d'autres vérifications. Lorsqu'un acheteur achète puis retire (c'est-à-dire "annule") un crédit, celui-ci représente une tonne de carbone déjà éliminée de l'atmosphère ou évitée, ce qui peut compenser les propres émissions de l'acheteur. Le VCM est actuellement évalué à 2 milliards de dollars américains et devrait croître d'un facteur de 5 à 20 d'ici 2030 [2], comme le montre la figure. 

Actualisation de l'accord de Paris

Lorsqu'il a été adopté en 2015, l'Accord de Paris a été salué comme le pacte climatique le plus ambitieux et le plus largement accepté à ce jour et a marqué un tournant dans la politique climatique mondiale avec la signature de presque tous les pays. Les pays signataires de l'accord présentent leurs objectifs de réduction des émissions dans un plan appelé "contribution déterminée au niveau national" (CDN). Ces plans sont révisés tous les cinq ans, afin d'actualiser les progrès réalisés et, de préférence, d'accroître l'ambition en fixant des objectifs encore plus élevés.  

Le financement de l'action climatique est un aspect important de l'Accord de Paris. À l'instar du Protocole de Kyoto et de son cadre MDP, l'Accord de Paris définit des règles et des orientations pour la coopération volontaire en vue de réduire les émissions. L'accord se compose de 29 articles, dont le sixième définit un cadre pour la coopération internationale volontaire. L'idée est que la flexibilité et les réductions volontaires d'émissions peuvent améliorer l'efficacité de la réduction des émissions, notamment en finançant d'abord les projets les plus faciles à mettre en œuvre, tout en progressant vers les secteurs plus difficiles à décarboniser. La coopération mondiale signifie également que les projets nécessitant un financement dans les pays en développement peuvent avoir accès à une gamme plus large d'instruments financiers, ce qui permet de relever les défis du climat et du développement. Passons donc à l'article 6 ! 

Pourquoi cette agitation autour de l'article 6 ? 

L'article 6, qui définit le cadre de la coopération volontaire internationale dans le cadre de l'Accord de Paris, a connu d'importantes évolutions lors de la COP26 à Glasgow en 2021 et devient de plus en plus pertinent pour les personnes impliquées dans le VCM. L'article établit des règles pour la coopération marchande (dans les articles 6.2 et 6.4) et non marchande (dans l'article 6.8). Nous nous concentrerons sur la coopération basée sur le marché, car ces articles ressemblent le plus à l'actuel VCM et sont les plus susceptibles d'avoir un impact sur lui.  

L'article 6, paragraphe 2, prévoit l'échange d'ITMO (Internationally Transferred Mitigation Outcomes), qui sont similaires aux crédits carbone, mais sont échangés sur une base volontaire entre un pays acheteur et un pays vendeur. L'idée est que ces réductions d'émissions peuvent être utilisées pour la CDN du pays acheteur, mais pas pour celle du pays vendeur.  

L'article 6, paragraphe 4, établit un référentiel central pour le stockage et l'échange volontaire de crédits carbone. Il remplace essentiellement le MDP de l'ère du protocole de Kyoto. Ce nouveau référentiel sera régi par la CCNUCC, qui émettra des crédits pour les réductions d'émissions et les stockera dans un registre (dans le cadre du MVC, cette tâche est actuellement assurée par une sélection d'organisations à but non lucratif telles que Verra et Gold Standard). Comme pour les ITMO, un crédit carbone échangé au titre de l'article 6, paragraphe 4, ne pourra être réclamé que par le pays acheteur ou par le pays hôte, mais pas par les deux. Cela signifie que le pays dans lequel ce projet est situé doit déduire cette réduction d'émission de sa CDN avant de vendre les crédits à l'acheteur (qui peut, à son tour, réclamer cette réduction d'émission). 

Ce processus par lequel les pays hôtes doivent déduire l'émission de leur inventaire national de GES (pour s'assurer qu'elle n'est pas déclarée à la CCNUCC) est connu sous le nom d'ajustement correspondant, et son objectif est d'éviter le double comptage (par lequel un seul crédit est compté par deux entités), comme illustré dans la figure. 

 
 

Alors que les ajustements correspondants doivent encore être mis en œuvre, les pays d'accueil individuels décident s'ils doivent également appliquer ou exiger ces ajustements pour les crédits délivrés par les normes de certification indépendantes utilisées dans le cadre du VCM. De même, les acheteurs de crédits carbone délivrés par des normes de certification indépendantes se demandent s'ils pourront continuer à faire des demandes de compensation sans que les pays d'accueil n'ajustent leurs inventaires. Il est important de noter que, contrairement à ce qui se passe dans le cadre du VCM, les crédits carbone délivrés au titre de l'article 6.4 peuvent également être utilisés pour les CDN des pays acheteurs, ce qui nécessiterait de procéder aux ajustements correspondants.  

Normalement, le VCM n'est utilisé qu'à des fins volontaires. Toutefois, certains systèmes de conformité tels que CORSIA (Carbon Offsetting and Reduction Scheme for International Aviation) permettent aux compagnies aériennes d'utiliser indifféremment des crédits carbone issus d'une série de normes de certification, pour autant qu'ils soient associés à un ajustement correspondant. Cela montre l'importance progressive et croissante des ajustements correspondants pour les normes de certification indépendantes et le VCM.  

Comment le marché volontaire du carbone interagit-il avec l'accord de Paris ?

Actuellement, le VCM se situe en dehors de l'Accord de Paris, mais d'une certaine manière en parallèle. Les acheteurs de crédits dans le cadre du VCM sont des entreprises privées qui ne sont pas contraintes par la loi de le faire, alors que les acheteurs de crédits dans le cadre de l'Accord de Paris seront des pays. À l'avenir, les acheteurs du MVC pourront acheter des crédits délivrés par des normes indépendantes (comme c'est le cas actuellement) ainsi que des crédits délivrés au titre de l'article 6. Toutefois, les crédits carbone éligibles dans le cadre de l'Accord de Paris (pour que les pays puissent respecter leurs CDN) seront uniquement ceux délivrés au titre de l'article 6.  

De nombreux pays disposent de marchés de conformité qui imposent par la loi des réductions d'émissions aux secteurs à forte intensité de carbone. Cependant, avec la reconnaissance plus large de la nécessité d'agir pour le climat et la pression accrue du public et des consommateurs sur le rôle des entreprises privées dans le changement climatique, le MVC est de plus en plus utilisé à des fins de compensation. La compensation est un moyen pour les entreprises de contribuer à l'action climatique au-delà de la réduction des émissions au sein de leur chaîne de valeur, et un nombre croissant d'entreprises compensent en fonction d'objectifs scientifiques afin d'atteindre la "neutralité carbone" ou le statut "net zéro". Cette évolution va de pair avec l'ambition accrue des gouvernements nationaux, qui révisent leurs CDN et tentent de se tenir mutuellement responsables des progrès accomplis.  

Les développements de l'article 6.4, à savoir la structuration et la formulation d'une centrale de risques et les règles d'autorisation des activités de projet, pourraient avoir des impacts significatifs sur le MVC. Ce nouveau marché pourrait conduire à des règles plus strictes pour le VCM et avoir un impact sur ses tendances et sa participation. Par exemple, le VCM n'exige pas actuellement que les acheteurs aient des ajustements correspondants pour les crédits qu'ils utilisent. L'idée est que les ajustements correspondants ne sont pas nécessaires si un crédit est déclaré une fois au niveau international (à la CCNUCC par le biais de la déclaration de la CDN d'un pays) et une fois au niveau de l'entreprise (sur l'empreinte carbone d'une entreprise privée, par exemple).  

Une autre raison de l'absence d'ajustements correspondants dans le MVC est la crainte qu'ils ne constituent des obstacles opérationnels à l'accès des pays à faible revenu au financement de projets climatiques (en exigeant des autorisations des gouvernements nationaux, qui peuvent être réticents à le faire, et en les empêchant de comptabiliser les réductions d'émissions dans le cadre de leurs objectifs d'atténuation) et qu'ils n'entravent par conséquent l'acheminement des financements privés vers les pays en développement dont les options financières pour leurs projets sont limitées.  

Toutefois, l'absence actuelle d'obligation de procéder à des ajustements correspondants dans le cadre du MVC pourrait ne pas durer. En vertu de l'article 6, paragraphe 4, si un ajustement correspondant n'est pas effectué, la réduction des émissions est qualifiée de "contribution à l'atténuation" et ne peut être utilisée à des fins de compensation. On peut se demander si cette distinction et ses implications pour la compensation pourraient envoyer des signaux au MVC (par exemple, en influençant les préférences des acheteurs).  

Au fur et à mesure que les pays établissent leurs règles nationales pour régir l'utilisation de l'article 6, ils réglementent de plus en plus les projets certifiés selon des normes de certification indépendantes. Cela pourrait avoir des conséquences importantes pour les développeurs de projets et les acheteurs de VCM.  

Il est prouvé que le fait de permettre l'accès à des approches volontaires et coopératives de réduction des émissions peut en fait accroître l'ambition d'une action climatique significative [3]. Toutefois, les inquiétudes récentes concernant l'intégrité et la transparence de certains projets carbone, ainsi que les accusations d'écoblanchiment dans la manière dont les entreprises communiquent sur ces projets, peuvent éroder la confiance dans le MVC. 

Pour que le VCM s'aligne sur les objectifs de l'Accord de Paris, il faut donner la priorité à la transparence et à l'intégrité. Une série d'initiatives et d'organisations ont encouragé les bonnes pratiques, notamment la Voluntary Carbon Market Initiative (VCMI), l'Integrity Council for the Voluntary Carbon Market (ICVCM) et l'Université d'Oxford (avec ses Oxford Principles for Net Zero Aligned Carbon Offsetting). 

L'avenir : ce qu'il faut savoir

Au fur et à mesure de ce développement et de l'évolution des normes et des institutions, les différents acteurs de l'espace climatique s'adapteront à ces changements de diverses manières. Les pays dans lesquels se déroulent les projets carbone (c'est-à-dire les pays hôtes) élaborent actuellement des stratégies sur la meilleure façon de s'engager dans le MVC tout en continuant à réaliser leurs CDN. La décision d'autoriser ou non l'exportation et l'utilisation des réductions d'émissions au titre de l'article 6, par exemple, pourrait constituer un compromis, car ces réductions ne pourraient plus être appliquées à leur CDN. Plusieurs initiatives tentent d'aider les pays hôtes à renforcer leurs capacités et à élaborer des stratégies, comme le partenariat pour la mise en œuvre de l'A6 et le programme SPAR6C (Supporting Preparedness for Article 6 Cooperation), entre autres. 

Les principaux acteurs du MVC devront peut-être s'adapter aux changements et aux tendances dans ce domaine, ce que l'on peut d'ailleurs déjà observer. Les développeurs de projets et les investisseurs suivent de la même manière l'évolution de l'article 6, pour voir les impacts qu'il pourrait avoir sur le VCM et la viabilité de certains types de projets dans certaines régions. Deux des principaux standards du VCM, le VCS et le Gold Standard, ont commencé à élaborer leur position sur l'article 6 et ses implications. Les deux standards ont commencé à développer des labels spéciaux pour les crédits qui ont été autorisés par les pays hôtes à avoir des ajustements correspondants (et donc à se conformer à l'article 6). Les acheteurs volontaires de crédits carbone seront également affectés par les développements dans cet espace, et certains pourraient même se demander si le MVC justifie sa poursuite dans le cadre d'un accord de Paris de plus en plus ambitieux. Toutefois, des recherches récentes montrent que les entreprises privées qui achètent volontairement des compensations carbone sont également celles qui ont pris le plus de mesures pour réduire leurs propres émissions avant de s'engager dans la compensation des émissions résiduelles (c'est-à-dire des émissions restantes) [4,5].  

Si nous voulons atteindre les objectifs de l'accord de Paris, nous devons comprendre les interactions entre le CVM et ces objectifs. La compréhension globale de l'importance de donner un prix au carbone ainsi que la nécessité urgente de réduire rapidement et radicalement les émissions de carbone constituent la toile de fond de cette compréhension. Nous espérons que cet article de blog vous a aidé à mieux comprendre le MVC dans l'ère de l'Accord de Paris et son évolution future.  

HAMERKOP soutient les développeurs de projets et les organisations internationales de développement en leur apportant une assistance technique et stratégique. Si vous souhaitez obtenir de l'aide pour comprendre ou vous engager dans le VCM et l'article 6, n'hésitez pas à nous contacter .

 

Références :

  1. Valentin Bellassen, B. Leguet. L'émergence de la compensation volontaire du carbone. [Rapport technique] 11, auto-saisine. 2007, 36 p. ffhal-01190163f 

  2. Le marché volontaire du carbone : 2022 perspectives et tendances : Un rapport de Shell et BCG. 2023. https://www.shell.com/shellenergy/othersolutions/carbonmarketreports.html#vanity-aHR0cHM6Ly93d3cuc2hlbGwuY29tL2NhcmJvbm1hcmtldHJlcG9ydHMuaHRtbA

  3. Le potentiel économique de l'article 6 de l'Accord de Paris et les défis de la mise en œuvre, IETA, Université du Maryland et CPLC. Washington, D.C. Licence : Creative Commons Attribution CC BY 3.0 OIG. 

  4. Performance des entreprises en matière d'émissions et utilisation des crédits carbone. Trove Research (2023). https://trove-research.com/report/corporate-emission-performance-and-the-use-of-carbon-credits/

  5. Crédits carbone : Permission de polluer ou pivot du progrès ? Sylvera (2023). https://www.sylvera.com/resources/carbon-credits-and-decarbonization

 
L'équipe Hamerkop
L'intégration de la séquestration et de la réduction des émissions de carbone dans une stratégie Net Zero rigoureuse

Au cours des deux dernières années, le nombre d'entreprises s'engageant à atteindre l'objectif "zéro émission nette" a augmenté de façon spectaculaire. Actuellement, plus de 5 200 entreprises se sont engagées ou ont fixé un objectif zéro émission nette dans le cadre de la campagne "Race to Zero" de la CCNUCC[1]. En outre, environ 750 des 2 000 plus grandes entreprises cotées en bourse se sont engagées à atteindre une forme d'objectif de neutralité climatique. Cependant, l'intégrité et l'ampleur de ces engagements varient considérablement en ce qui concerne les délais, les types de gaz à effet de serre (GES) couverts et les champs d'application inclus dans leur objectif.  

Cette divergence reflète le fait que le terme zéro émission nette ou "Net Zero" est encore un concept mal compris par beaucoup et qu'il est encore moins bien appliqué dans les stratégies des entreprises. L'utilisation de crédits carbone, sous la forme de séquestration ou de réduction de GES, et le rôle qu'ils doivent jouer dans les engagements climatiques des entreprises constituent un sujet de discorde particulier. Dans les paragraphes qui suivent, nous cherchons à faire la lumière sur ce qu'une stratégie Net Zero fondée sur des données scientifiques et incluant l'achat de crédits carbone devrait prendre en considération. 

Le paysage Net Zero

Les entreprises qui s'apprêtent à développer leurs stratégies Net Zero ne manqueront pas de directives à utiliser. Pour l'instant, la meilleure pratique pour fixer des objectifs est d'utiliser la "Norme Net Zero" de la Science Based Targets Initiative (SBTi). Une autre ressource utile est le document "Initiative Net Zero" prouit par Carbone 4. En plus de fournir des conseils sur la définition des SBT, SBTi évalue et approuve de manière indépendante les objectifs des organisations. Le cadre de Carbone 4 détaille les différentes actions qui peuvent être mises en place à l'intérieur et à l'extérieur de la chaîne de valeur d'une entreprise à travers les trois piliers suivants : la réduction des émissions de l'entreprise, la réduction des émissions des autres et l'élimination du CO2 de l'atmosphère[2]. Bien que leurs orientations soient cohérentes, Carbone 4 ne permet pas à une entreprise de revendiquer le statut "Net Zero", mais plutôt de communiquer sur sa contribution aux objectifs du territoire national où elle se trouve. 

En ce qui concerne le rôle de la compensation dans les stratégies climatiques rigoureuses, une ressource utile que les entreprises peuvent utiliser est le document Oxford Principles for Net-Zero Aligned Carbon Offsetting. Il s'agit de quatre principes qui, s'ils sont respectés, peuvent avoir un impact crédible sur le climat, par opposition à l'écoblanchiment[3]. Ces principes sont les suivants 

  1. Donner la priorité à la réduction à vos propres émissions, s'assurer de l'intégrité environnementale de tout crédit carbone utilisé et divulguer la manière dont ceux-ci sont utilisés. 

  2. Orienter la compensation carbone vers les puits de carbone, les crédits carbone représentent alors une séquestration directe du carbone de l'atmosphère. 

  3. Orienter la compensation vers le stockage à longue durée de vie, qui soustrait le carbone de l'atmosphère de manière permanente ou quasi permanente. 

  4. Soutenir le développement d'un marché pour les crédits carbone alignés "net-zéro" 

En outre, il existe également divers réseaux et alliances qui s'efforcent de garantir l'intégrité du marché volontaire du carbone. 

Du côté de l'offre, le Integrity Council for the Voluntary Carbon Market (IC-VCM) a récemment publié les " Core Carbon Principles " ou Principes fondamentaux qui vise à établir un point de référence solide permettant aux entreprises d'identifier des crédits carbone crédibles et de haute intégrité, qui créent une valeur environnementale et sociale élevée. 

Du côté de la demande, l'ambition de l'Initiative volontaire pour l'intégrité des marchés du carbone (Voluntary Carbon Markets Integrity Initiative - VCMI) est d'établir une norme pour une utilisation hautement intègre des crédits carbone dans les stratégies climat des organisations. Son site Code de pratique provisoire pour les réclamations décrit des orientations claires sur la manière dont les entreprises peuvent faire des déclarations transparentes et crédibles concernant la compensation et fournit un cadre pour évaluer les efforts des entreprises sur trois niveaux : Or, Argent et Bronze. 

Les deux sont conçus pour être utilisés en tandem avec la norme Net Zero de SBTi. 

Que signifie "Net Zero" ?

"Net Zero", "neutre en carbone" et "climatiquement neutre" ne sont que quelques exemples d'un jargon synonyme en apparence, et utilisé par les entreprises pour caractériser leurs efforts en matière de climat. Bien qu'ils soient souvent utilisés de manière interchangeable, il existe des différences subtiles entre eux, principalement en ce qui concerne la couverture des différents GES, les délais et l'ampleur des réductions d'émissions requises, l'exigence que les objectifs soient fondés sur la science et, surtout, le rôle de la compensation et le type de crédits carbone éligibles.

Alors que Net Zero exige des entreprises qu'elles réduisent radicalement les émissions au sein de leur chaîne de valeur, conformément à la science, la neutralité climatique ou carbone signifie que les émissions sont équilibrées via l'usage de crédits carbone. Par conséquent, le concept de "zéro émission" n'est atteint qu'une fois les objectifs de réduction des émissions à long terme atteints et les émissions résiduelles neutralisées, tandis que la neutralité climat pourrait être revendiquée par toute entité ayant entièrement compensé ses émissions au cours d'une année donnée. Toutefois, l'absence actuelle de définitions normalisées et d'organismes de surveillance signifie que les entreprises peuvent faire ce qu'elles veulent, au risque d'être accusées d'écoblanchiment. 

La définition même de Net Zero est une source de confusion. Le GIEC définit un état d'émissions nettes nulles comme : "lorsque les émissions anthropiques de gaz à effet de serre dans l'atmosphère sont équilibrées par les absorptions anthropiques sur une période donnée"[4]. Si cette définition s'applique à l'ensemble de la planète, certains prétendent qu'elle n'est pas valable au niveau de chaque entreprise. Pour cette raison, Carbone 4 soutient que les organisations peuvent seulement contribuer aux objectifs climatiques mondiaux mais ne peuvent pas atteindre un état final de Net Zero. 

Figure 1 : Éléments de la norme Net Zero [5]

Bien qu'il n'existe actuellement aucune définition universellement acceptée d'une stratégie "Net Zero", selon les directives du SBTi, pour déterminer leurs émissions de référence, les entreprises doivent entreprendre un inventaire complet des GES qui couvre au moins 95 % de leurs émissions de scope 1 et 2 et un examen complet du scope 3, en utilisant généralement les directives du GHG protocol. À partir de cet inventaire, elles doivent se fixer des objectifs de réduction des émissions à court et à long terme. Les objectifs à long terme doivent être atteints au plus tard en 2050, tandis que les objectifs à court terme doivent être atteints 5 à 10 ans après l'engagement des entreprises à atteindre le niveau zéro, généralement aux alentours de 2030. 

Pour les objectifs relatifs aux scopes 1 (émissions directes), 2 (émissions indirectes provenant de la chaleur et de l'électricité) et 3 (émissions indirectes) utilisant la méthode de contraction absolue, l'objectif à long terme doit représenter une réduction des émissions de 90 % par rapport à l'année de référence. L'année de référence peut être choisie par les entreprises elles-mêmes, à condition qu'elles disposent de suffisamment d'informations sur les émissions des scopes 1, 2 et 3 pour cette année-là, qu'elle soit représentative du profil de GES type de l'entreprise et qu'elle ne soit pas antérieure à 2015. Pour les objectifs du scope 3 utilisant la méthode de contraction de l'intensité physique, les réductions doivent représenter 97 % de la baseline (année de référence).

Après avoir atteint leurs objectifs de réduction d'émissions à long terme, les entreprises doivent neutraliser leurs émissions résiduelles, en utilisant uniquement les puits carbone via la séquestration, afin de s'assurer que les GES encore émis par l'entreprise soient équilibrés. Les émissions résiduelles, c'est-à-dire les émissions de GES difficiles à neutraliser qui subsistent après la réalisation d'un objectif de réduction zéro émission nette à long terme, ne doivent pas représenter plus de 10 % des émissions de référence de l'entreprise. 

Comment intégrer la compensation des émissions de carbone ?

Le point crucial dans tout cela est que les crédits carbone, qu'il s'agisse d'absorptions ou d'émissions évitées, ne peuvent pas compter pour atteindre un quelconque objectif de réduction des émissions. Les crédits d'absorption (ou séquestration) ne peuvent être utilisés que pour neutraliser les émissions résiduelles, mais le reste doit être exécuté dans le cadre d'un plan global de réduction d'émissions. 

Par conséquent, la définition du GIEC, où les émissions nettes nulles sont définies comme un équilibre entre les émissions totales et les absorptions totales, peut ne pas être appropriée pour être appliquée au niveau de l'entreprise. 

Au lieu de cela, les entreprises peuvent acheter des crédits carbon (correspondant à de la séquestration ou de la réduction) afin de neutraliser les émissions encore émises sur le chemin de l'atteinte de leur objectif "net zéro". C'est ce qu'on appelle l'atténuation au-delà de la chaîne de valeur (BVCM). C'est également une exigence du code de pratique de communication de VCMI. De cette façon, la neutralité climat peut être considérée comme une mesure provisoire sur la voie de la réalisation d'un objectif zéro émission nette à long terme, fondé sur la science. 

Quelle que soit la stratégie de compensation choisie par les entités, elle doit être clairement détaillée dans leur plan climat, y compris s'il y a des conditions particulières. Par exemple, certaines entreprises ont choisi de n'acheter que crédits de séquestration carbone, tandis que d'autres achètent à la fois des crédits de séquestration et d'émissions évitées. D'autres conditions peuvent concerner l'additionnalité, la permanence, l'auditabilité ou d'autres co-bénéfices environnementaux ou sociaux que certains projets carbone permettent[6].

Comment reconnaître les compensations crédibles

C'est à l'entreprise elle-même qu'il incombe de faire des recherches et de trouver les projets carbone qui pourraient être considérées comme crédibles ; mais rares sont celles qui ont les ressources et les compétences pour le faire. Il s'ensuit qu'un certain nombre de crédits carbone achetés ne respectent pas d'exigences strictes en matière d'intégrité. Les plus fondamentales sont les suivantes : 

  • Intégrité environnementale : garantir que l'utilisation des crédits carbone n'entraîne pas une augmentation des émissions mondiales[7]. Cela signifie que les réductions d'émissions ne doivent pas être surestimées, qu'elles doivent être fondées sur une base de référence prudente et qu'elles doivent tenir compte des fuites éventuelles. 

  • Additionnalité : établir que les réductions ou séquestration d'émissions résultant de l'activité d'atténuation n'auraient pas eu lieu en l'absence dudit projet. Il s'agit souvent de démontrer que le projet dépend des revenus de la vente des crédits carbone ou qu'il ne relève pas de l'engagement climatique du pays hôte[8]. 

  • Permanence : s'assurer que les réductions ou séquestration des GES sont permanentes et présentent un faible risque d'inversion, toute inversion étant compensée. Pour les projets d'agriculture, de sylviculture et d'autres usage des terres (AFOLU), qui présentent un risque plus élevé d'inversion en raison des conditions climatiques, des incendies de forêt ou de la déforestation, un pourcentage des crédits est mis de côté dans un compte séparé afin de compenser les pertes éventuelles.  

  • Pas de double comptage : s'assurer que chaque crédit ne compte que pour la réalisation d'un seul objectif d'atténuation. Dans le cadre de l'article 6 de l'Accord de Paris, les pays hôtes sont tenus de procéder aux ajustements correspondants si une unité d'atténuation est transférée au niveau international pour atteindre l'objectif d'un autre pays[9]. Bien que de tels ajustements ne seront pas obligatoirement nécessaires pour le marché volontaire du carbone, à moins d'acheter des crédits autorisés par l'article 6, cela affectera probablement celui-ci d'une manière ou d'une autre. 

  • Éviter les nuisances sociales et environnementales : des garanties doivent être mises en place pour s'assurer que le projet ne contribue pas à des préjudices sociaux ou environnementaux, et qu'il respecte les lois et les règlements. Les standards de certification telles que le Climate, Community, and Biodiversity Standard (CCB) ou les programmes de quantification d'impacts relatifs au développement durable tels que le Gold Standard ou le Sustainable Development Verified Impact Standard (SD VISta) permettent d'offrir des garanties supplémentaires afin que de tels préjudices soient évités. La bonne pratique consiste toutefois à effectuer une vérification préalable des crédits achetés, quelle que soit le standard de certification. 

Différents types de réductions et de suppressions

Une famille au Soudan avec du bois de chauffe pour cuisiner pendant 4 jours. Photo par HAMERKOP.

Un crédit de réduction de GES représente une tonne de dioxide de caarbone évitée, résultant de la diminution de l'intensité carbone d'un certain processus. Les réductions sont calculées en fonction de la comparaison entre le scénario d'émissions avec projet et le scénario hypothétique sans projet. Par exemple, les projets d'énergie renouvelable réduisent les émissions en remplaçant la production d'électricité à partir de combustibles fossiles. En outre, les projets de foyers améliorés réduisent les émissions en diminuant la demande de bois de chauffe comme combustible de cuisson et en évitant ainsi la déforestation, ainsi qu'en réduisant les émissions de carbone noir, créant un puissant forçage radiatif. Pour plus d'informations sur l'expertise d'HAMERKOP en matière d'accès à l'énergie et de cuisson propre, voir ici

Si l'investissement dans la réduction des GES est un outil important pour éviter que les émissions ne s'accumulent dans l'atmosphère, l'investissement dans la séquestration permanente des GES devrait également être mise à l'échelle afin de traiter les émissions passées. Comme nous l'avons expliqué plus haut, pour atteindre l'état de zéro émission nette, les émissions résiduelles, qui représentent moins de 10 % des émissions de référence, ne peuvent être neutralisées que par de la séquestration. 

L'élimination du dioxyde de carbone (CDR) comprend les méthodes biologiques ou technologiques permettant d'aspirer le dioxyde de carbone de l'atmosphère et de le stocker de façon permanente. 

Actuellement, les options les plus abouties pour la séquestration du carbone sont les solutions fondées sur la nature (NBS). Elles comprennent la plantation d'arbres et la restauration d'écosystèmes tels que les tourbières, les mangroves et les prairies sous-marines. À l'heure actuelle, les plantes et les sols des écosystèmes terrestres absorbent l'équivalent d'environ 20 % des émissions anthropiques de GES et jouent donc un rôle clé dans la réalisation de l'objectif zéro émission nette[10]. 

Figure 2 : Estimation des coûts et des potentiels de 2050 du CDR [13]

Part ailleurs, la séquestration technologique du carbone n'a pas encore fait ses preuves à l'échelle, mais est susceptible de jouer un rôle de plus en plus important[11]. Ces solutions techniques pour éliminer le carbone de l'atmosphère comprennent le captage et le stockage du carbone (CSC), le captage direct dans l'air (DAC), le biochar et l'amélioration de l'altération accélérée de la roche (enhanced weathering). Pourtant, des investissements considérables sont nécessaires pour que ces technologies aient un impact sur l'atténuation des émissions au niveau mondial. Par exemple, la plus grande installation de DAC en service aujourd'hui ne permet de séquestrer qu'environ 4 000 tonnes de CO2e par an, ce qui correspond approximativement aux émissions annuelles de 870 voitures[12]. 

Un défi pour la séquestration carbone via les NBS est de pouvoir garantir la permanence de la séquestration étant donné leur vulnérabilité à une série de perturbations naturelles et humaines telles que les incendies de forêt et la déforestation.  

Actuellement, dans le cadre des principales normes de certification de projets carbone, tous les projets d'agriculture, de sylviculture et d'autres usages des terres (AFOLU) sont soumis à une évaluation du risque de non-permanence afin de qualifier le risque qu'une tonne donnée de GES séquestrée soit relachée au cours des 100 années suivantes. Les formes géologiques de stockage du carbone, qui comprennent de nombreuses solutions techniques, sont beaucoup moins vulnérables à ce phénomène et peuvent parfois garantir un stockage excédant les 1 000 ans. C'est pourquoi il est important d'investir également dans des formes de stockage plus permanentes et à plus long terme. 

Le principal obstacle à l'investissement dans les technologies de séquestration du carbone est leur prix, qui reflète également le manque de maturité de leur technologie. En 2021, les crédits carbone de projets séquestration provenant d'écosystèmes naturels s'échangeaient à environ $7,90 l'unité[14]. Ils se vendent aujourd'hui entre $10 et $20. En revanche, le prix par d'unité carbone de projets de séquestration technologiaue du carbone peut atteindre 200 à 600 dollars[15]. 

Le fonds Frontier, mis en place par Shopify, Microsoft, Stripe et d'autres, vise à surmonter cet obstacle s'engagement à investir 925 millions de dollars dans les technologies de séquestration du carbone. De telles actions ont pour objectif d'envoyer un signal de marché puissant et stimuler l'innovation et le développement de ces technologies en garantissant une demande pour celles-ci et en faisant baisser leur coût à long terme. 

Conclusion

Cet article a pour but de mettre en avant que l'utilisation de crédits carbone de séquestration ou d'émissions/réductions évitées peut avoir un impact positif sur le climat, pour autant qu'elle s'inscrive dans un plan ou une stratégie zéro émission nette crédible et ambitieuse. 

Si les entreprises choisissent d'intégrer la compensation dans leur stratégie "Net Zero", il est important qu'elles rendent compte de leurs achats de manière transparente, qu'elles fixent les conditions de leur utilisation et qu'elles utilisent les meilleures pratiques pour identifier des projets carbone crédibles et de grande intégrité. Si l'investissement dans les réductions d'émissions est crucial à long terme, l'augmentation progressive de l'investissement dans la séquestration est essentielle pour atteindre les objectifs de l'Accord de Paris. 

Les experts d'HAMERKOP ont plus d'une décennie d'expérience dans le soutien aux développeurs de projets, dans la conception d'interventions visant à atténuer le changement climatique, dans la réalisation d'études de faisabilité technique et dans le soutien à la certification afin de délivrer des actifs carbone.  

Que vous soyez une entreprise à la recherche de conseils sur la manière d'intégrer la compensation carbone suivant les bonnes pratiques, de soutenir financièrement une intervention d'atténuation à long terme, ou d'évaluer la qualité des projets carbone que vous avez l'intention de soutenir, nous pouvons vous aider - contactez-nous. 

Références :

[1] CCNUCC, "Race To Zero Campaign", Unfccc.Int https://unfccc.int/climate-action/race-to-zero-campaign#eq-3 [consulté le 26 août 2022].

[2] Maxime Aboukrat et autres, Net Zero Initiative 2020-2021 Final Report (Carbone 4, 2021) https://www.carbone4.com/files/Net_Zero_Initiative_Final_Report_2021_2021.pdf

[3] Myles Allen et autres, "The Oxford Principles For Net Zero Aligned Carbon Offsetting", Université d'Oxford, 2020 https://www.smithschool.ox.ac.uk/sites/default/files/2022-01/Oxford-Offsetting-Principles-2020.pdf

[4] GIEC, "Annexe I : Glossaire ", dans Réchauffement planétaire de 1,5˚C. Rapport spécial du GIEC sur les incidences d'un réchauffement planétaire de 1,5˚C au-dessus des niveaux préindustriels et sur les trajectoires connexes d'émissions mondiales de gaz à effet de serre, dans le contexte du renforcement de la réponse mondiale à la menace du changement climatique, du développement durable et des efforts d'éradication de la pauvreté (Cambridge : Cambridge University Press, 2018).

[5] SBTi, "SBTi Corporate Net-Zero Standard", Science Based Targets Initiative, 2021 https://sciencebasedtargets.org/resources/files/Net-Zero-Standard.pdf

[6] Kaya Axelsson, Aoife Brophy et Elena Pierard Manzano, "Net Zero Business or Business for Net Zero ? A Report on Corporate Climate Leadership Practices on Scope and Offsetting", Skoll Centre For Social Entrepreneurship & Oxford Net Zero, 2022 https://netzeroclimate.org/wp-content/uploads/2022/02/Net-zero-business-or-business-for-net-zero.pdf

[7] Lambert Schneider et Stephanie La Hoz Theuer, " Environmental Integrity of International Carbon Market Mechanisms Under the Paris Agreement ", Climate Policy, 19.3 (2019) https://doi.org/10.1080/14693062.2018.1521332.

[8] Lambert Schneider et autres, "What Makes a High-Quality Carbon Credit ?", WWF, EDF & Öko-Institut, 2020 https://files.worldwildlife.org/wwfcmsprod/files/Publication/file/54su0gjupo_What_Makes_a_High_quality_Carbon_Credit.pdf?_ga=2.218034974.983871514.1660815690-932968438.1660815690

[9] Trove Research, "VCM And Article 6 Interaction Discussion Paper On the Use Of Corresponding Adjustments For Voluntary Carbon Credit Transfers", 2021 https://globalcarbonoffsets.com/wp-content/uploads/2021/01/VCM-and-Article-6-interaction-6-Jan-2021-1.pdf (en anglais).

[10] Bronson W. Griscom et autres, " Natural Climate Solutions ", Proceedings of the National Academy of Sciences, 114.44 (2017) https://doi.org/10.1073/pnas.1710465114.

[11] Robert Höglund, "The Carbon Removal Market Doesn't Exist", Illuminem.Com, 2022 https://illuminem.com/illuminemvoices/dd812162-ba25-4321-95dd-2b0208bc489b [consulté le 19 août 2022].

[12] Katie Lebling et autres, "6 Things To Know About Direct Air Capture", World Resources Institute, 2022 https://www.wri.org/insights/direct-air-capture-resource-considerations-and-costs-carbon-removal [consulté le 23 août 2022].

[13] GIEC, "Chapitre 4 : Renforcement et mise en œuvre de la réponse mondiale", in : Réchauffement planétaire de 1,5°C. Rapport spécial du GIEC sur les effets d'un réchauffement planétaire de 1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels et les trajectoires connexes d'émissions mondiales de gaz à effet de serre, dans le contexte du renforcement de la riposte mondiale à la menace du changement climatique, du développement durable et des efforts d'éradication de la pauvreté (Cambridge : Cambridge University Press, 2018) https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/sites/2/2022/06/SR15_Chapter_4_LR.pdf.

[14] Stephen Donofrio et autres, The Art of Integrity State of the Voluntary Carbon Markets 2022 Q3 (Ecosystem Marketplace, 2021).

[15] cdr.fyi, "Compilation of Known CDR Purchases", Cdr.Fyi, 2022 https://www.cdr.fyi/ [consulté le 19 août 2022].

L'équipe Hamerkop
10 ans de REDD+ ! Une perspective sur la performance des projets REDD+ dans le monde
 

L'objectif des projets REDD+ (abréviation de "Reducing Emissions from Deforestation and Forest Degradation") est de s'attaquer à l'un des principaux facteurs du changement climatique en s'efforçant de protéger des zones clés de la forêt et de la faune sauvage contre la déforestation. Cependant, ce qui distingue les projets REDD+ des projets similaires d'atténuation du changement climatique, c'est l'accent mis sur la fourniture d'importants co-bénéfices aux populations environnantes, notamment l'amélioration des infrastructures, les opportunités d'emploi et d'autres projets de développement communautaire. 

Alors que nous passons le cap des 10 ans de projets REDD+ actifs et émetteurs de crédits, HAMERKOP a collecté et analysé les données des projets actifs certifiés par le Verified Carbon Standard (VCS), la plus grande organisation de certification "volontaire" de crédits carbone, afin d'évaluer la prévalence et l'efficacité des projets à travers 6 paramètres clés

Tous les projets examinés avaient terminé au moins un cycle de suivi. L'achèvement du premier cycle de suivi marque une étape importante dans le processus de certification par lequel le projet est en mesure de délivrer des crédits carbone pour les émissions de gaz à effet de serre réduites ou évitées. L'analyse des données effectuée n'inclue pas les projets en cours de développement mais qui n'ont pas encore émis de crédits carbone.  

 

1. Durée de la période de surveillance  

Une période de suivi correspond au laps de temps pendant lequel les développeurs de projets enregistrent les impacts de leurs projets avant de se soumettre à un audit de vérification. La réussite de cet audit conduit à la délivrance de crédits carbone pour la période de suivi correspondante. Dans la plupart des normes de certification carbone, les développeurs de projets sont libres de choisir la fréquence à laquelle ils souhaitent matérialiser et monétiser les performances de leur projet. 

Les projets REDD+ sont complexes à mettre en œuvre et à suivre, ce qui explique en partie la raison pour laquelle les développeurs de projets ont tendance à avoir une période de suivi plus longue que pour d'autres types de projets. Les périodes de suivi des projets REDD+ émis par les VCS vont de un à dix ans, avec une période moyenne de 3,25 ans (39,4 mois). 

La première période de suivi est souvent la plus longue, car un large éventail de processus de mise en œuvre et de certification de projets doit être organisé.  

Le projet REDD+ Ecomapua Amazon [1] au Brésil, premier projet REDD+ par l'historique de ses activités, a commencé à suivre ses performances en 2003. Cependant, la plupart des dates de démarrage des projets REDD+ sont concentrées sur une période de neuf ans entre 2008 et 2016 (inclus). Le premier projet REDD+ à émettre des crédits a été le projet Kasigau Corridor [2] au Kenya, qui, en plus de prévenir la déforestation, s'efforce de résoudre durablement les conflits locaux entre l'homme et la faune qui ont prévalu dans la région par le passé. 

 

2. Champ d'application géographique  

 

Au cours de la décennie qui s'est écoulée depuis que le projet Kasigau a émis ses premiers crédits en 2011, le domaine a explosé pour atteindre 55 projets qui émettent actuellement des crédits carbone. Ces projets sont répartis dans l'ensemble des pays en développement.  

Parmi ceux qui ont déjà émis des crédits, tous les projets sauf 5 sont situés en Amérique du Sud ou en Afrique. En Amérique du Sud, ils sont concentrés au Brésil et en Colombie, avec quelques projets supplémentaires au Pérou. Si le Pérou et la Colombie disposent d'un environnement favorable, le cas du Brésil est plus contrasté et plus complexe. Les projets africains, en revanche, sont répartis plus uniformément sur l'ensemble du continent.  

 
 

3. Taille du projet

La taille d'un projet peut avoir un impact sur la capacité à déployer des activités de lutte contre la déforestation et la dégradation des forêts. La taille des projets REDD+ qui ont émis des crédits varie de 18 000 ha (par exemple, l'Amazon Rio REDD+ IFM [3]) à plus d'un million d'hectares (par exemple, le projet REDD+ Resguardo Indígena Unificado Selva de Matavén [4] en Colombie et le projet REDD Cordillera Azul National Park [5] au Pérou). 

Les projets ont été classés en trois catégories : petits (moins de 100 000 ha), moyens (100 000 ha à 500 000 ha) et grands (500 000 ha et plus). Les petits et moyens projets sont nettement plus nombreux que les grands. Dans de nombreux pays, il peut être difficile de trouver des zones qui peuvent être regroupées et gérées sous une seule entité de projet et où les agents de la déforestation et de la dégradation peuvent être traités efficacement. La figure de gauche donne une répartition plus détaillée de la taille des projets.  

En outre, la figure de droite montre la relation entre la superficie du projet et les réductions d'émissions qui en résultent. La performance des projets est ici basée sur les réductions d'émissions totales incluses dans les rapports de suivi jusqu'à présent, mesurées en tCO2e réduites/évitées par hectare et par an. Les résultats suggèrent que les projets de taille moyenne présentent la plus grande variété de performances. En revanche, les performances de réduction des émissions des petits et grands projets varient moins. Il convient de noter que l'analyse ne tient pas compte du nombre de périodes de surveillance réalisées jusqu'à présent, ce qui signifie que ces projets sont probablement à des stades différents de mise en œuvre et de performance, ce qui pourrait expliquer la grande fluctuation des résultats.  

Dans l'ensemble , le projet de réserve de biodiversité de Rimba Raya [6] a obtenu la meilleure performance avec 77,06 tCO2e par hectare et par an, sur cinq périodes de suivi allant de 2009 à 2019. Ce résultat est d'autant plus remarquable que la deuxième performance la plus élevée était de plus de 30 tCO2e par hectare et par an [7]. La performance la plus faible a été de 0,2 tCO2e par hectare et par an pour le projet REDD+ Biocorredor Martin Sagrado [8] au Pérou, sur deux périodes de suivi couvrant la période 2010-2020. 

 
 

4. Méthodologie de certification  

 

L'indicateur suivant a été le choix de la méthode de certification, afin de déterminer s'il existait des différences dans les performances des projets en fonction des différentes méthodes. Chaque méthodologie fournit un cadre légèrement différent pour le développement et le suivi des projets [9]. Elle dépend généralement du type d'écosystème ainsi que des facteurs et des modèles de déforestation. Par exemple, la méthodologie VM0007 est "applicable aux terres forestières, aux zones humides boisées, aux tourbières boisées et aux zones humides à marée"[10] et ne peut pas être utilisée pour des projets où la déforestation est causée par l'exploitation illégale du bois. 

La figure de gauche montre que la méthodologie VM0009 pour la conversion des écosystèmes a obtenu des résultats constamment élevés, avec une médiane de 5,1 tCO2e par hectare et par an, soit trois fois plus que la médiane de 1,74 tCO2e par hectare et par an de la méthodologie VM0011 pour le calcul des avantages en termes de GES découlant de la prévention de la dégradation planifiée, qui a obtenu les résultats les plus faibles . Ces déterminations ont été faites en évaluant la distribution des données disponibles. Les résultats des méthodes VM0011 et VM0009 varient peu, avec relativement peu de valeurs aberrantes. Si les autres méthodes ont des fourchettes similaires, elles présentent des variations plus importantes et les réductions d'émissions se concentrent vers le bas de l'échelle. Les méthodologies VM0007 et VM0004 présentent des valeurs aberrantes plus importantes, mais celles-ci proviennent principalement des projets REDD+ indonésiens, dont les moyennes annuelles des réductions d'émissions contrôlées par hectare sont anormalement élevées. 

 

5. Type de dommage forestier 

Nous nous sommes ensuite attachés à analyser la performance des projets en fonction du type de dommage évité (déforestation ou dégradation) et des différents facteurs externes de déforestation.  

La figure montre que les performances des projets ne dépendent pas de manière significative du type de destruction évitée lorsque l'on considère la distribution totale. Cependant, il peut être difficile de différencier les deux, l'un (dégradation) menant souvent à un autre (déforestation) et d'analyser ces paramètres en adoptant une approche plus granulaire pour différencier la manière dont les projets fonctionnent et se déploient. 

En examinant les principaux moteurs de la déforestation, notre analyse a montré qu'il était difficile d'attribuer les performances des projets en fonction de facteurs spécifiques, en raison de la complexité et de la spécificité de chaque situation, la déforestation et la dégradation étant dues à une série d'agents directs et indirects complexes. 

 
 
 

6. Réductions d'émissions prévues et réelles  

Un autre aspect important à prendre en compte est la façon dont le projet a tenu les prédictions qui ont été faites lors de la conception initiale du projet. Ces prévisions, officiellement appelées réductions d'émissions ex ante, fournissent une estimation des crédits carbone que les promoteurs du projet s'attendent à générer par le projet, et déterminent sa viabilité financière. 

L'examen de la différence entre les prévisions et les mesures réelles de réduction des émissions peut révéler la différence entre les attentes, la planification et la réalité sur le terrain. 

Dans le cas des 53 projets examinés, la différence moyenne entre les prévisions et les mesures s'est avérée proche de zéro - seulement 1,02 tCO2e par hectare et par an. 

 
 

Toutefois, cela ne signifie pas que les prévisions étaient exactes. Au contraire, nous avons constaté que les différences variaient considérablement d'un projet à l'autre. Elles allaient de 39,48 tCO2e de moins que prévu pour le projet de restauration et de conservation des tourbières de Katingan [11] à 33,33 tCO2e de plus que prévu pour le projet REDD APD évitant la déforestation planifiée de l'Amazonie brésilienne de Cikel [12], et s'échelonnaient de - 80 % à + 380 %. 

Seuls 12 projets sur 55 (moins d'un quart) ont réussi à prévoir les réductions d'émissions générées par leurs activités avec une précision de plus ou moins 10 %. En outre, 23 projets sur 55 (environ la moitié) ont prédit le potentiel du projet avec une précision inférieure à 50 %, ce qui montre à quel point il peut être difficile pour un développeur de projet et pour les investisseurs initiaux potentiels d'estimer le potentiel financier d'un projet pour couvrir ses coûts. 

 

CONCLUSION 

Grâce à cette analyse, nous avons voulu faire la lumière sur les résultats des projets REDD+ qui délivrent actuellement des crédits carbone et fournir une ressource qui rassemble et affiche les données en un seul endroit. De nouveaux projets étant approuvés et lancés chaque année, nous espérons que des rapports et une collecte de données supplémentaires permettront d'affiner nos conclusions et d'aider à informer les investissements dans les projets à venir. 

Les experts d'HAMERKOP ont plus d'une décennie d'expérience dans le soutien aux développeurs de projets, dans la conception d'interventions visant à atténuer le changement climatique, dans la réalisation d'études de faisabilité technique et dans le soutien à la certification afin de délivrer des actifs carbone. 

Que vous soyez une organisation internationale, un propriétaire foncier, un développeur de projet ou une ONG cherchant à bénéficier de la finance carbone pour soutenir financièrement une intervention d'atténuation du changement climatique à long terme et ayant un impact, nous pouvons vous aider, contactez-nous

 

Sources :

[1] Page de registre VCS du projet REDD d'Ecomapua Amazon : https://registry.verra.org/app/projectDetail/VCS/1094.

[2] Page de registre VCS du projet REDD du corridor de Kasigau : https://registry.verra.org/app/projectDetail/VCS/562

[3] Page du registre VCS du projet REDD+ Amazon Rio : https://registry.verra.org/app/projectDetail/VCS/1147

[4] Projet REDD+ Resguardo Indigena Unificado Selva de Mataven projet VCS page : https://registry.verra.org/app/projectDetail/VCS/1566

[5] Page du registre VCS du projet REDD du parc national de Cordillera Azul : https://registry.verra.org/app/projectDetail/VCS/985.

[6] Projet de réserve de biodiversité de Rimba Raya Page de registre VCS : https://registry.verra.org/app/projectDetail/VCS/674

[7] Page du registre VCS du projet REDD de Cikel en Amazonie brésilienne : https://registry.verra.org/app/projectDetail/VCS/832

[8] Page du registre VCS du projet REDD+ Biocorredor Martin Sagrado : https://registry.verra.org/app/projectDetail/VCS/958

[9] Méthodologies VCS : https://verra.org/methodologies/

[10] " VM0007 Cadre méthodologique REDD+ (REDD+MF), v1.6 ", Verra, 29 mars 2021, https://verra.org/methodology/vm0007-redd-methodology-framework-redd-mf-v1-6/#:~:text=This%20methodology%20provides%20a%20set,planned%20deforestation%20and%20forest%20degradation.

[11] Projet de restauration et de conservation de la tourbière de Katingan : https://registry.verra.org/app/projectDetail/VCS/1477

[12] Cikel Brazilian Amazon REDD APD Project Avoiding Planned Deforestation (Projet REDD en Amazonie brésilienne pour éviter la déforestation planifiée ) : https://registry.verra.org/app/projectDetail/VCS/832

L'équipe Hamerkop
Qu'est-ce qui fait la qualité d'un projet d'arboriculture ?

Rédigé par James Lloyd (Nature4Climate) en collaboration avec l'équipe HAMERKOP.

Passer de la plantation d'arbres à la reforestation long terme : comment le guide Reforest Better peut augmenter les impacts positifs des projets de restauration forestière

Des inondations aux sécheresses, en passant par l'extinction des espèces et la dégradation des sols, les effets du changement climatique sont déjà très répandus et menacent la nature et les moyens de subsistance qui en dépendent. La recherche scientifique a clairement montré qu'il ne nous reste qu'un très court laps de temps pour prévenir les pires effets du changement climatique.   

La nature peut jouer un rôle essentiel dans la lutte contre le changement climatique et la réalisation des objectifs de l'accord de Paris. Les solutions fondées sur la nature peuvent fournir un tiers de l'atténuation climatique nécessaire pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C d'ici à 2030, et aider les communautés à s'adapter au changement climatique.  

Les entreprises prennent de plus en plus conscience du fait qu'elles ne peuvent pas atteindre un taux d'émissions nettes nul sans protéger la nature. Lors de la COP26 à Glasgow, 95 entreprises se sont engagées à stopper et à inverser le déclin de la nature d'ici à 2030, ce qui témoigne d'un intérêt croissant du monde des affaires pour les solutions fondées sur la nature.   

La reforestation est une méthode efficace pour financer des solutions fondées sur la nature et éliminer les émissions de gaz à effet de serre de l'atmosphère. Lorsqu'elle est réalisée correctement, la culture d'arbres peut avoir des retombées sociales et environnementales positives, notamment en restaurant des écosystèmes dégradés, en protégeant la biodiversité et en soutenant les communautés autochtones et locales.  

Quels sont les obstacles à un investissement efficace dans la reforestation ?  

De plus en plus d'entreprises se tournent vers les projets forestiers et arboricoles pour réduire leurs émissions et protéger la nature, soit en achetant des crédits carbone, soit en investissant dans des projets de restauration forestière. Cependant, il existe des centaines de projets et de fournisseurs parmi lesquels choisir dans le monde entier et un manque de conseils fiables pour aider les entreprises à distinguer les bons des mauvais.   

En conséquence, les projets forestiers ont historiquement fait l'objet de méfiance ou ont été considérés comme un échec. Cela s'explique en partie par l'accent mis à tort sur la "plantation d'arbres" en tant que solution rapide, plutôt que sur la "croissance des arbres" en tant qu'investissement à long terme dans l'avenir de notre planète.  

Pour apporter le financement nécessaire aux projets de reforestation qui ont un impact réel et durable sur les personnes et la nature, nous avons besoin de toute urgence d'une plus grande transparence et d'une meilleure compréhension de ce qui constitue un bon projet de restauration. Les entreprises qui cherchent à investir dans des projets de culture d'arbres bénéficieraient grandement d'informations claires et accessibles sur ce que sont les meilleures pratiques et comment les identifier. 

Le guide Reforest Better simplifie les investissements à fort impact dans la nature.  

Le guide Reforest Better propose une méthodologie accessible et facile à utiliser pour aider les entreprises à comprendre la qualité des programmes de culture d'arbres et à identifier les projets à fort impact à financer.   

Ancré dans la science, le guide interactif propose aux utilisateurs une série de questions pour les aider à identifier les projets de restauration les plus efficaces et éthiques dans lesquels investir. Il mesure le succès d'un projet en l'évaluant par rapport à 13 paramètres clés de bonnes pratiques. Ces paramètres comprennent la sélection des essences, l'inclusion et l'implication des communautés autochtones et locales, et la transparence sur la façon dont les émissions de référence sont calculées. Grâce à ces informations, le guide utilise un système de feux tricolores pour souligner la qualité d'un projet de restauration forestière  

En fournissant un moyen simple de promouvoir les meilleures pratiques en matière de reforestation, le guide vise à faire changer les considérations de la "plantation" d'arbres à la "culture" d'arbres. Cela reflète l'importance des investissements à long terme dans la nature et les projets de restauration pour les bénéfices sur le climat et la biodiversité.

Quels sont les avantages de l'utilisation du guide Reforest Better ?  

Grâce au guide Reforest Better, les entreprises sont en mesure de prendre des décisions plus éclairées avant d'investir dans des programmes de culture d'arbres. Le fait d'orienter les investissements vers des projets de qualité permet de réduire plus efficacement les émissions de carbone, ce qui aide les entreprises et les industries à atteindre leurs objectifs climatiques.   

Au-delà de l'atténuation des émissions de gaz à effet de serre, la canalisation des investissements vers une reforestation de haute qualité apporte d'autres avantages sociaux et environnementaux. Il s'agit notamment de la conservation de la biodiversité, en mettant l'accent sur la promotion et la protection des espèces végétales indigènes, et de la mise en place d'un cadre pour la gestion durable des terres, deux éléments qui favorisent la restauration des écosystèmes dégradés de manière durable.  

Les projets à fort impact offriront également des avantages sociaux, notamment des possibilités d'emploi et de revenus. Ils garantiront la protection des droits des autochtones et la participation des communautés locales à la prise de décision.  

Ce à quoi ressemblent les meilleures pratiques : La culture des arbres en Inde  

Dans l'est de l'Inde, les tribus Advasi de la vallée d'Araku sont parmi les plus défavorisées du pays. La région a souffert d'une grave déforestation sous le régime colonial anglais, entraînant l'érosion des sols, la dégradation des terres et la pauvreté. La Fondation Naandi s'efforce de lutter contre cette pauvreté en faisant pousser des arbres et en restaurant la nature pour soutenir les moyens de subsistance locaux.

Aujourd'hui, plus de six millions d'arbres ont été plantés et 6 000 ha de terres dégradées ont été restaurés. Les terres boisées offrent un abri et de la nourriture à la faune sauvage, ainsi que des possibilités de revenus pour les communautés locales, qui peuvent récolter des cultures, notamment des grains de café et des mangues, sur les nouveaux arbres. Cela a également permis de renforcer la sécurité alimentaire des petites communautés marginalisées et d'améliorer la productivité agricole.

Comment les entreprises peuvent-elles utiliser le guide Reforest Better ?   

Les entreprises qui cherchent à améliorer leurs références en matière de durabilité ou à compenser leurs émissions de carbone par des impacts significatifs sur les écosystèmes locaux peuvent profiter du guide en ligne Reforest Better pour identifier et examiner des projets de haute qualité.

De même, les gestionnaires de projets de reforestation, les ONG et les organisations de conservation pourraient bénéficier de l'usage de ce guide pour évaluer les projets existants et identifier le potentiel d'amélioration de la performance globale et de la mise à l'échelle. 

Comme le récent Rapport du GIEC l'a clairement montré, nous disposons d'une fenêtre d'opportunité réduite pour réaliser des investissements significatifs dans la nature - au bénéfice des écosystèmes, des communautés et de la santé planétaire à long terme. Le guide Reforest Better est l'un des meilleurs outils dont nous disposons pour accélérer cet investissement et atteindre les objectifs climatiques.   

Disponible en anglais, le guide Reforest Better a été élaboré par HAMERKOP, un cabinet de conseil spécialisé dans le changement climatique et la finance climat, en partenariat avec Nature4Climate et des scientifiques forestiers.   

Le guide Reforest Better et le questionnaire en ligne sont disponibles ici : https://nature4climate.org/reforest-better-guide/  

Cet article a été initialement publié ici.

Les organisations qui ont également participé à l'élaboration du guide sont les suivantes :  

L'équipe Hamerkop
Accès à l'énergie dans les contextes de déplacement de population : le rôle de la finance carbone

L'objectif de développement durable (ODD) 7 des Nations unies vise à assurer l'accès de tous à une énergie abordable, fiable, durable et moderne. Bien que des investissements importants aient été réalisés dans ce secteur, environ 4 milliards de personnes dans le monde n'ont toujours pas un accès suffisant à l'énergie, dont 80 millions sont des personnes déplacées de force : réfugiés, personnes déplacées à l'intérieur de leur pays, apatrides et demandeurs d'asile[1].

Dans de nombreux contextes de déplacement, les personnes déplacées involontairement utilisent du bois de chauffe, du charbon de bois ou d'autres formes de biomasse avec des réchauds traditionnels et à faible efficacité énergétique pour cuisiner. Ces réchauds traditionnels émettent de grandes quantités de fumée lors de la cuisson, ce qui a un impact négatif sur la santé et la qualité de l'air à l'traditionnels émettent de grandes quantités de fumée lors de la cuisson, ce qui a un impact négatif sur la santé et la qualité de l'air à l'intérieur des habitations. Les femmes et les enfants sont souvent chargés d'aller chercher du combustible et de porter de lourdes charges lors de longs déplacements, ce qui les expose à des violences sexuelles et leur fait perdre du temps qui pourrait être affecté à d'autres activités productives : notamment les activités génératrices de revenus et l'éducation. La collecte de bois de chauffe pour la cuisson contribue à la dégradation de l'environnement et est à la racine de conflits entre les populations déplacées et les communautés d'accueil, en particulier dans les contextes qui ont atteint un point de crise environnementale où il n'y a plus de bois de chauffe disponible dans l'environnement local et où il n'existe aucune alternative.

Par conséquent, l'accès à l'énergie et, plus précisément, l'accès à des solutions de cuisson à énergie moderne dans les situations de déplacement est essentiel car il permet non seulement de contribuer à l'accès universel à l'énergie, mais aussi d'améliorer la santé et le bien-être des populations, l'égalité des sexes, l'action climatique, la paix et la justice, et la diminution de la pauvreté[2].

 

Une femme du Nord-Darfour, au Soudan, avec du bois de chauffe pour 4 jours de cuisson.

 

L'accès à l'énergie a historiquement été exclu des réponses humanitaires dans les contextes de déplacement des populations en raison de la disponibilité limitée des solutions, des financements nécessaires et de l'absence de modèles commerciaux adaptés. L'objectif de l'aide humanitaire est d'apporter un soulagement immédiat aux crises à court terme, mais les réfugiés et les populations déplacées sont parfois hébergés dans des camps ou d'autres lieux informels pendant des générations sans accès suffisant à l'énergie.

Bien que des initiatives spécifiques voient le jour, comme la Plateforme d'action mondiale soutenue par les Nations unies[3], une initiative faisant la promotion des actions permettant un accès durable à l'énergie dans les situations de déplacement, il reste encore beaucoup à faire.

Les interventions impliquant la distribution de technologies énergétiques pour la cuisson, l'éclairage et d'autres services, sont de plus en plus nombreuses, mais peu se sont concentrées sur les solutions d’accès à long terme à l'énergie moderne pour la cuisson (ex : gaz, solaire, électrique). Cela peut être attribué au fait que le financement humanitaire est souvent motivé par des raisons politiques et à court terme, ce qui signifie que le financement et les priorités peuvent rapidement changer en fonction des donateurs et de l’évolution des relations internationales. Il en résulte souvent des solutions ponctuelles qui ne répondent pas aux besoins énergétiques à long terme des populations dans ces contextes. En outre, les réfugiés sont confrontés à l'incertitude quant à leur statut juridique et aux politiques gouvernementales qui limitent leur intégration économique[4].

Accès à l'énergie et financement du carbone

Il est essentiel de mettre en œuvre de nouveaux modèles de financement et d'approvisionnement pour l'accès à l'énergie dans les contextes de déplacement, car les financements des donateurs sont insuffisants pour relever le défi. Un financement plus innovant est nécessaire pour étendre les solutions et attirer les investissements et la participation du secteur privé, qui a toujours considéré les camps de réfugiés et les établissements informels comme des lieux risqués et non rentables.

Encouragé par le Programme d'aide à la gestion du secteur de l'énergie (ESMAP) administré par la Banque mondiale, davantage de connaissances sont générées et les instruments de financement se diversifient[5]. La finance carbone offre un potentiel important pour l'implication du secteur privé dans ce contexte. La finance carbone est un mécanisme de financement qui attribue une valeur financière aux émissions de carbone. Dans les contextes de déplacement, les réductions d'émissions peuvent être obtenues par l'utilisation de réchauds à plus grande efficacité énergétique ou de combustibles propres. Chaque tonne de dioxyde de carbone (CO2) non émise génère un crédit carbone. Les réductions d'émissions ont lieu lorsque les ménages et les institutions (ex : écoles, hôpitaux, restaurants, boulangeries, etc...) passent d'une technologie traditionnelle (ex : feu ouvert ou réchauds en argile avec une efficacité thermique d'environ 10 %) à une technologie plus efficace (ex : réchauds à bois et à charbon avec une efficacité thermique de 25 % à 40 %) ou à une source d'énergie différente (ex : gaz, solaire thermique ou électrique, biogaz ou biocarburant).

Afaf Mohamed Ahmed Atroon est passée de la cuisson au bois à la cuisson au gaz, avec le soutien de la finance carbone au Soudan.

Ces crédits carbone peuvent ensuite être achetés par des entreprises pour compenser ou équilibrer leurs émissions, ou simplement pour contribuer au financement du développement international et des actions en faveur du climat sur la base des résultats plutôt que des activités. La finance carbone peut accroître la viabilité financière des projets ou réduire les risques d'investissement en créant une source de revenus supplémentaires et en permettant un transfert de technologies et de savoir-faire technique[6]. Ce mécanisme permet de (co)financer des projets qui apportent de nombreux avantages sociaux et environnementaux en plus de la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). Dans ce contexte, la réduction des émissions de GES est souvent considérée comme un outil pour canaliser des financements pour le développement plutôt que comme l'impact le plus important.

Pour les projets de solutions énergétiques pour la cuisson, la finance carbone est généralement utilisée de la manière suivante :

  • Payer l'ensemble des coûts d'investissement et d'exploitation liés à la distribution des technologies améliorées ;

  • Subventionner une partie du coût des technologies promues pour les rendre abordables pour les populations cibles ; ou

  • Payer, financer ou subventionner à des degrés divers les dépenses d'investissement et d'exploitation nécessaires à l'expansion du projet : sensibiliser par le biais de panneaux d'affichage, de publicités à la radio et à la télévision ou de porte-à-porte locaux ; étendre les canaux de commercialisation en payant les coûts de distribution du dernier kilomètre dans les zones à faible densité de population ; fournir un financement aux consommateurs par le biais de micro-prêts pour les réchauds et autres investissements ; et financer l'expansion des installations de production et de stockage de carburant.

Toutes les interventions ne peuvent pas bénéficier de la finance carbone, mais elle est particulièrement efficace dans les situations de déplacement qui résultent d'un conflit antérieur et non actuel. Ces situations de déplacement font l'objet d'une attention moindre de la part des médias et de l'aide internationale, et pourraient bénéficier tout particulièrement de la finance carbone. En plus de générer des réductions d'émissions, les projets devraient cocher quelques cases supplémentaires pour bénéficier de la finance carbone.

En termes de normes de certification carbone, le Gold Standard est connu pour son travail en faveur de l'élargissement de la portée de la finance carbone pour l'accès à l'énergie dans divers contextes (ex : interventions à grande, petite et micro échelle ; ou plus récemment pour les réchauds comprenant des compteurs)[7]. Le Verified Carbon Standard (VCS), le plus grand émetteur de crédits carbone volontaires, permet également aux projets de distribution de réchauds à bois efficace en énergie de bénéficier de la finance carbone[8]. Le graphique ci-dessous montre le nombre de projets enregistrés (en vert foncé) et les crédits émis pour ceux-ci (en vert clair et en millions de tonnes de CO2), par organisme de certification.

 

Volumes de programmes de réchauds par registre[9]

 

Il faut généralement compter 18 mois pour la certification ou l'enregistrement d'un projet (jalon à partir duquel un projet est officiellement autorisé à émettre un crédit carbone pour chaque tonne d'équivalent CO2 réduite, rapportée et auditée) et 6 à 18 mois supplémentaires pour délivrer un premier lot de crédits carbone.

Certaines questions sont spécifiques aux contextes de déplacement et à la finance carbone, notamment :

  • La nature temporaire des installations. La plupart des investisseurs de la finance carbone couvrent au moins une partie des coûts de mise en œuvre du projet et de la certification et du monitoring du carbone, en fonction du rendement attendu. Sachant qu'une technologie de cuisson est censée durer entre 2 et 8 ans, si les ménages déménagent, cela signifie souvent qu'il n'est plus possible de suivre leurs réductions d'émissions et cela entraîne une diminution des crédits carbone générés et des revenus de la vente de ceux-ci pour l'investisseur ou le sponsor.

  • Le manque d'infrastructures et les coûts plus élevés. De nombreuses colonies de réfugiés et de personnes déplacées sont isolées ou difficiles à atteindre et se trouvent souvent dans des endroits où il y a peu d'infrastructures (ex : routes, installations de stockage de carburant, etc.), ce qui rend la distribution de biens et les chaînes d'approvisionnement en carburant difficiles à établir. Ces limitations entraînent des coûts de mise en œuvre du projet plus élevés que dans un autre contexte. Parmi les autres facteurs d'augmentation des coûts, on peut citer le manque de partenaires de mise en œuvre dans la ou les zones cibles, ou la nécessité de disposer d'escortes militaires pour se déplacer.

  • Mise à disposition de capital. La finance carbone est par nature un outil de financement basé sur les résultats, ce qui signifie que les sponsors financiers sont généralement réticents à payer pour les activités à mettre en œuvre pour la réalisation du projet (plutôt qu'une fois que ces activités ont délivré des résultats), qu'ils peuvent considérer comme trop risquées. Cependant, sans ce déploiement de capital initial, c'est l’entière réalisation du projet qui est remise en question.

La finance carbone offre également toute une série d'avantages, notamment :

  • Une structure de coûts allégée. Les coûts associés à la mise en œuvre de tels projets sont souvent considérés à la lumière des retours financiers qui peuvent être générés par la vente de crédits carbone. Ainsi, les projets ont tendance à se concentrer sur les activités qui sont très efficaces pour atteindre l'objectif principal du projet (ex : la réduction des émissions). Cela tend à réduire les coûts de ces projets, par rapport à un projet qui serait financé par un bailleur de fonds traditionnel.

  • L'amélioration continue. Une fois le projet lancé, la finance carbone exige le suivi d'une série de paramètres au moyen de tests quantitatifs et d'enquêtes qualitatives. Alors que les projets de développement traditionnels incluent généralement un suivi des activités, les paramètres bien plus précis à suivre de façon continue pour les projets carbone leur permettent de s'améliorer au fil du temps (ex : réduire l'utilisation des réchauds traditionnels, mettre en œuvre des activités permettant aux utilisateurs d'économiser de l'argent, développer les canaux de vente de carburant, etc.). Les multiples enquêtes menées tout au long de la durée de vie du projet permettent également de recueillir des informations précieuses sur les dynamiques socio-économiques des bénéficiaires et de mieux comprendre leurs préoccupations et leurs préférences.

  • Contribution à l'ODD 17 - Partenariat pour les objectifs. Alors que le secteur privé est souvent réticent à collaborer avec le secteur public, la finance carbone peut être considérée comme un instrument plus simple pour la coopération et la contribution à l'ODD 17. Le secteur public et le secteur de l'aide sont bien conscients que leur financement est insuffisant pour s'attaquer à tous les problèmes de développement et que les fonds du secteur privé peuvent être mobilisés par la finance carbone.

Étude de cas : La cuisson solaire au Tchad

Femme darfourienne utilisant le Cookit distribué par ADES dans le camp d'Iridimi, à l'est du Tchad.

Le projet de cuisson solaire au Tchad est financé par FairClimateFund et mis en œuvre par l'ONG tchadienne ADES, avec le soutien technique d'HAMERKOP. Il se concentre sur la distribution d'un cuiseur simple, sans brevet, appelé CookIt. Ces cuiseurs solaires ont été initialement distribués en 2005, au moment où les réfugiés du Darfour ont fui le Soudan et traversé la frontière du Tchad. Le projet a débuté grâce aux financements de bailleurs internationaux qui se sont progressivement taris. Sans la vente de crédits carbone, le projet aurait été interrompu et les ménages seraient retournés à la cuisson traditionnelle sur des feux ouverts avec du bois de chauffe. En 2012, le projet a été repris dans le camp de réfugiés d'Iridimi, grâce au financement fourni sur la base que les réductions d'émissions du CookIt pourraient être certifiées et vendues sur le marché volontaire du carbone. Les bénéficiaires ont transféré la propriété de leurs réductions d'émissions au projet en échange de CookIt hautement subventionnés, de formations sur l'utilisation de ces cuiseurs et de la création d'emplois pour la production locale de ces cuiseurs.

La vente des crédits carbone couvre les coûts de gestion du projet et de la certification carbone. En partenariat avec FairClimateFund, HAMERKOP a été amené en 2019 à prendre en charge l'expansion du projet et à assurer sa durabilité à long terme grâce à la finance carbone. Depuis, le projet est entré dans sa quatrième période de suivi, s'étend à un deuxième camp de réfugiés et est certifié dans le cadre du Gold Standard for the Global Goals en utilisant la méthodologie Gold Standard "micro-scale Simplified Methodology for Efficient Cookstoves".

Étude de cas : Évaluation des pratiques de cuisson dans les zones de déplacement au Cambodge

Le programme Modern Energy Cooking Services (MECS), financé par l'aide au développement britannique, soutient la transition des économies à faible revenu de la biomasse à l'utilisation de services de cuisson à énergie moderne. Si des recherches ont déjà été menées sur l'accès à l'énergie dans les pays à faible revenu, il existe peu de données sur l'accès à l'énergie dans les contextes de déplacement. On sait relativement peu de choses sur les pratiques de cuisson, les rôles joués au sein des ménages et les mécanismes utilisés pour faire face aux pénuries de combustible, d'accès aux technologies et sur d'autres aspects relatifs aux moyens de subsistance qui sont affectés pendant un événement de déplacement (ex : un conflit lié aux terres, développement urbain, événements climatiques extrêmes tels que les inondations).

Femme cambodgienne préparant son repas familial, capturée lors des enquêtes du MECS menées par HAMERKOP

En développant un outil de recherche et pendant un mois au Cambodge, HAMERKOP a effectué une collecte de données pour aider le MECS à mieux comprendre comment les personnes déplacées et les institutions (par exemple, les hôpitaux, les écoles, les restaurants, les boulangeries, etc.) utilisent l'énergie pour cuisiner. Pour mieux comprendre les pratiques de cuisson dans les contextes de déplacement au Cambodge, des données ont été collectées en menant 300 enquêtes et en organisant des discussions de groupe parmi les ménages et les institutions dans les zones rurales et urbaines du Cambodge où les personnes déplacées à l'intérieur du pays étaient connues pour s'être réinstallées.

Bien que cette mission n'avait pas pour but de déboucher sur le développement d'un projet carbone, certaines des premières conclusions vont dans ce sens. Les personnes déplacées doivent faire face à de nombreuses difficultés. L'une d'entre elles est la perte de leur source historique de revenus et d'actifs ; une autre est le défi pour produire leur propre nourriture en raison du manque de terres et du manque d'accès à l'épargne et au crédit à la consommation pour s'offrir des technologies de cuisson plus efficaces et plus propres. Dans ce contexte, la finance carbone pourrait fournir le soutien mentionné plus haut dans cet article et permettre aux technologies de cuisson modernes d'être accessibles à ces populations vulnérables.

Les équipes d’HAMERKOP ont plus de 10 ans d'expérience dans le soutien aux projets visant à bénéficier de la finance carbone dans des contextes de déplacement. Elles réalisent régulièrement des évaluations des situations, conçoivent des interventions, sélectionnent les technologies les plus appropriées, et permettent la certification des projets. Elles sont également amenées à fournir des conseils techniques et stratégiques pour leur mise en œuvre.

Que vous soyez une organisation internationale ou une ONG cherchant à bénéficier de la finance carbone ou une entreprise souhaitant soutenir financièrement des interventions sur le long terme, nous pouvons vous aider, alors contactez-nous.



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[1] Source : Bisaga, I. & To, L.S. 2021. Modèles de financement et de fourniture de services énergétiques modernes de cuisson dans les situations de déplacement : A Review. Lien : Energies

[2] Source : Ibid

[3] Site web du Programme d'action mondial : https://www.humanitarianenergy.org/  

[4] Source : Patel, L. & Gross, K. 2019. Cuisiner dans les situations de déplacement : Engager le secteur privé dans l'approvisionnement en combustible non ligneux. Lien : chathamhouse.org

[5] Source : Modern energy cooking : review of the funding landscape. Lien : https://mecs.org.uk/wp-content/uploads/2022/02/Modern-Energy-Cooking-Review-of-the-Funding-Landscape.pdf

[6] Source : HCR. 2014. Le financement du carbone. Lien : https://www.unhcr.org/55005b069.pdf   

[7] Source : Méthodes de quantification de l'impact de Gold Standard. Lien : https://globalgoals.goldstandard.org/400-sdg-impact-quantification/

[8] Source : VMR0006 Méthodologie pour l'installation de fourneaux à bois de chauffage à haut rendement. Lien : https://verra.org/methodology/vmr0006-methodology-for-installation-of-high-efficiency-firewood-cookstoves/

[9] Source : Banque mondiale /Ci-Dev : https://ci-dev.org/sites/cidev/files/2020-11/CI-DEV_FRACTION%20OF%20NONRENEWABLE%20BIOMASS_R2.pdf and Modern energy cooking : review of the funding landscape. Lien : https://mecs.org.uk/wp-content/uploads/2022/02/Modern-Energy-Cooking-Review-of-the-Funding-Landscape.pdf

L'équipe Hamerkop
Le potentiel des projets de compensation des émissions de carbone bleu en Europe
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En mai 2021, le Centre de coopération pour la Méditerranée de l'UICN a publié son "Manuel pour la création de projets carbone bleu en Europe et en Méditerranée". Ce document fournit des conseils pour développer des projets qui utilisent la finance carbone pour améliorer, protéger et développer les écosystèmes d'herbiers marins et de zones humides côtières pour l'atténuation et l'adaptation au changement climatique, spécifiquement en Europe et dans la région méditerranéenne.

Olivier Levallois, directeur de HAMERKOP, a été le principal contributeur aux chapitres 2, 3 et 4 du manuel, qui détaillent les politiques et les nouveaux mécanismes de gestion du carbone, l'éligibilité des projets carbone et le processus de certification. Ce billet de blog vous présentera le carbone bleu et donnera un aperçu de certains des sujets abordés dans ces chapitres.

Le carbone bleu côtier est défini comme le carbone organique stocké dans les écosystèmes des zones côtières ou proche du littoral et comprend les mangroves, les herbiers marins et les marais salants. Les projets de compensation certifiés ont traditionnellement été associés aux environnements tropicaux et plus particulièrement aux forêts de mangroves. Cependant, avec l'entrée en vigueur de l'accord de Paris, il existe un potentiel important de certification carbone pour soutenir le développement de projets de carbone bleu en Europe et en Méditerranée.

Depuis quelques années, les solutions basées sur la nature (NbS), notamment la plantation d'arbres, le boisement, le reboisement et la gestion des terres, suscitent un intérêt croissant. Bien que ce terme englobe également le carbone bleu, les discussions autour des NbS sont souvent dominées par les projets forestiers plus classiques. Même s'ils ne sont pas aussi connus ou aussi développés sur les marchés du carbone que les projets forestiers, les herbiers marins, les marais salants et les mangroves ont tous un potentiel de stockage du carbone par hectare nettement supérieur à celui des forêts boréales et tropicales, puisque 95 % de leur carbone est stocké dans le sol[1]. Par conséquent, le financement de leur protection, de leur restauration et de leur création constitue une opportunité pour les organisations désireuses d'équilibrer leurs émissions.

 
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Écosystèmes de carbone bleu

Les écosystèmes côtiers séquestrant du carbone en Europe et dans le bassin méditerranéen sont principalement constitués de prairies sous-marines et de marais salants. Les prairies sous-marines sont présentes en Méditerranée et dans l'Atlantique Nord et ont été identifiées comme d'importants puits de carbone organique. L'espèce Posidonia oceanica est la plus abondante et la plus répandue en Méditerranée et son potentiel de stockage du carbone est considérable : 1 500 tonnes de CO2e par hectare.[2].

La disparition des herbiers marins en Europe et en Méditerranée peut être attribuée à des impacts anthropiques directs et indirects. Il s'agit notamment de la mauvaise qualité de l'eau et de l'érosion mécanique (chalutage et ancrage), de l'enfouissement des herbiers provoqué par la construction de nouvelles défenses et infrastructures côtières, ainsi que des tempêtes et des vagues de chaleur marines qui ont un impact significatif sur la stabilité de ces écosystèmes.

Source : Med-O-Med, Posidonia oceanica, le poumon et la base de la région Med-O-Med.

Source : Med-O-Med, Posidonia oceanica, le poumon et la base de la région Med-O-Med.

Les marais salants se trouvent principalement en bordure des estuaires, des baies et des zones intertidales à faible énergie. Les marais salants européens de l'Atlantique sont caractérisés par des prairies naturelles le long des étendues abritées de la côte européenne de l'Atlantique, du centre du Portugal à la mer du Nord. Les marais salants sont également très présents le long des côtes abritées de la côte sud du Portugal et du bassin méditerranéen.

Les données sur l'étendue et le stock de carbone des marais salants sont au mieux fragmentées, mais on estime que les sols des marais salants européens ont un potentiel de séquestration à long terme de 151 g C m-2 an-1. C'est six fois le potentiel de séquestration du carbone des tourbières (26,6 g C m-2 an-1) qui sont considérées comme le plus grand stock naturel de carbone terrestre au monde[3]. Les marais salants sont particulièrement menacés par l'élévation du niveau de la mer résultant du "resserrement des côtes", qui a entraîné une réduction moyenne estimée de 13 % de ces habitats au cours des 50 dernières années. Les changements dans l'apport de sédiments côtiers et la modification de l'hydrodynamique de l'eau, comme le débit et la force, peuvent également entraîner un déclin significatif de la qualité et de la quantité des marais salants.

Source : The Guardian, comment les marais salants artificiels peuvent contribuer à la lutte contre la montée des eaux

Source : The Guardian, comment les marais salants artificiels peuvent contribuer à la lutte contre la montée des eaux

Indépendamment de leur potentiel de piégeage du carbone, les herbiers marins et les marais salants favorisent l'adaptation au changement climatique en améliorant l'habitat et la chaîne alimentaire pour les pêcheries commerciales, la stabilisation du littoral, la protection contre les tempêtes et l'atténuation des inondations. De nombreuses espèces végétales séquestrant du carbone rehaussent également de manière significative le plancher océanique, ce qui contribue à nouveau à la protection naturelle du littoral contre l'élévation du niveau de la mer. Ces avantages supplémentaires en matière d'adaptation deviennent de plus en plus importants alors que le climat continue de changer. Rien qu'au Royaume-Uni, les marais salants fournissent des défenses contre les inondations côtières d'une valeur estimée à 1 milliard de livres sterling[4].

Outre les mangroves, les herbiers marins et les marais salants, il existe un potentiel supplémentaire pour les projets de carbone bleu qui impliquent le varech, le phytoplancton et les récifs biogènes. Les scientifiques affirment que le varech a été "oublié" sur la scène du carbone bleu, notamment en Australie, où l'on estime que le varech des récifs de la Grande Barrière sud contient environ 3 % du carbone bleu mondial total. Cependant, l'un des principaux défis de l'inclusion du varech dans le carbone bleu est qu'il peut être déjà indirectement pris en compte, car il peut être enfoui dans les marais littoraux, les forêts de mangroves et les herbiers marins[5]. Cela soulève le risque d'un double comptage. Il s'agit d'un domaine de recherche pionnier et il est probable qu'au fur et à mesure que l'intérêt autour du carbone bleu se développera, d'autres écosystèmes pourront également être inclus.

Incitations politiques et financières pour les projets de carbone bleu

Dans le cadre de l'accord de Paris, les pays sont tenus de soumettre des contributions déterminées au niveau national (CDN) révisées tous les cinq ans. Ces CDN comprennent des informations concernant la portée et la couverture des efforts d'atténuation et d'adaptation d'un pays, parmi lesquelles les solutions fondées sur la nature, y compris le carbone bleu, qui jouent un rôle central. En Europe, la Commission européenne a adopté la stratégie en faveur de la biodiversité dans le cadre du Pacte vert pour l'Europe en mai 2020. Ce cadre multilatéral ambitieux fixe une série d'objectifs en matière de biodiversité, notamment le renforcement des mesures de restauration et de conservation dans les zones protégées et l'amélioration des écosystèmes affaiblis et détériorés. La restauration, la protection et l'amélioration des écosystèmes séquestrant du carbone à travers l'Europe est un outil essentiel pour atteindre ces objectifs.

Outre la stratégie en faveur de la biodiversité, l'objectif d'atteindre la neutralité carbone d'ici à 2050, qui nécessite une transition vers une économie zéro émission nette, est également au cœur du Pacte vert pour l'Europe[6]. Si cet objectif sera atteint principalement grâce aux pays et aux entreprises qui réduiront leurs propres émissions, certaines émissions sont inévitables et doivent donc être compensées. La vente de crédits carbone générés par des projets européens et méditerranéens de carbone bleu permettrait d'étendre la restauration, la conservation et le développement de ces écosystèmes, tout en permettant aux entreprises privées de soutenir la réalisation de leurs objectifs climatiques.

Source : Manuel pour la création de projets de carbone bleu en Europe et en Méditerranée

Source : Manuel pour la création de projets de carbone bleu en Europe et en Méditerranée

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Bien qu'il n'existe à ce jour aucun projet de carbone bleu certifié en Europe, un certain nombre d'organisations ont commencé à entreprendre des activités de conservation et de régénération en faveur de la séquestration du carbone. L'une de ces organisations est Carbon Kapture, qui a pour but de créer un nouveau marché pour les services de carbone à base d'algues. Certaines algues poussent 30 fois plus vite que les arbres et sont considérées comme très efficaces pour éliminer le CO2 de l'atmosphère. Elles peuvent également être vendues aux agriculteurs comme nourriture pour animaux, ce qui permettrait de réduire les émissions de méthane du bétail[7].

Le projet Manaia est une autre organisation qui œuvre à la conservation des écosystèmes de carbone bleu. Sa mission consiste à préserver les herbiers marins, à étudier les espèces envahissantes et à éliminer les débris marins. Basé en Autriche, son travail sur les herbiers marins s'est principalement concentré sur la documentation de l'étendue actuelle des herbiers ainsi que sur les changements de tailles au fil du temps. Cela leur permet de se concentrer sur la replantation des herbiers marins dans les zones qui en ont besoin.

Certification carbone

Avant la mise en œuvre de l'accord de Paris, les projets de carbone certifiés en Europe étaient autorisés par la mise en œuvre conjointe (MOC) du Protocole de Kyoto. Parmi les pays de l'Union européenne de la région méditerranéenne (Espagne, France, Italie et Grèce), seuls 20 projets ont été enregistrés dans le cadre de la MOC - dix-sept en France et trois en Espagne, et aucun d'entre eux ne concerne les écosystèmes océaniques. Pour en savoir plus, l'un de nos précédents billets traite de la compensation carbone et du fonctionnement des processus de certification carbone.

Alors que les projets de carbone bleu sont devenus de plus en plus populaires aux côtés d'autres NbS, leur utilisation dans un contexte européen reste sous-développée. Tous les projets de carbone bleu actuellement enregistrés sur les marchés du carbone (règlementés et volontaire) sont des projets de mangroves dans les pays tropicaux.

Il existe actuellement six méthodologies approuvées pour la comptabilisation et le suivi du carbone dans le cadre du mécanisme de développement propre (MDP), le Gold Standard (GS) et le Voluntary Carbon Standard (VCS), qui peuvent être appliquées aux projets de carbone bleu. Bien qu'il soit recommandé aux projets d'utiliser une méthodologie existante, il est possible de modifier ou de développer une nouvelle méthodologie si nécessaire. Parmi ces six méthodologies VCS, seules deux conviendraient à des projets basés en Europe - VM0024 Méthodologie pour la création de zones humides côtières et VM00033 pour la restauration des zones humides à marée et des herbiers marins. Le MDP n'autorise que les projets dans les pays en développement ; et la méthodologie GS n'est actuellement applicable qu'aux mangroves.

Un certain nombre de méthodologies potentielles sont en cours de développement et le GS cherche à étendre ses méthodologies pour inclure d'autres écosystèmes de carbone bleu, y compris les herbiers marins et les algues. La norme de certification française Label bas-Carbone a également entamé des recherches pour établir la première méthodologie spécifiquement destinée à certifier les mesures de conservation et de préservation des herbiers marins, avec l'intention d'entreprendre un premier projet dans le parc national des Calanques[8].

Si vous avez déjà un projet de carbone bleu à l’esprit, il y a cinq étapes à franchir pour comprendre s'il pourrait être éligible à la finance carbone :

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  1. Confirmer l'additionnalité de votre projet et évaluer les conditions de propriété des droits carbone.

  2. Identifier la méthodologie de comptabilisation du carbone et le standard de certification les plus appropriés.

  3. Quantifier les réductions d'émissions qui pourraient avoir lieu.

  4. Évaluer la viabilité financière et le calendrier de votre projet.

  5. Évaluer les obstacles potentiels et les motivations non financières.

Chacune de ces étapes est discutée en profondeur et directement en relation avec le carbone bleu dans le manuel de l'UICN. En outre, HAMERKOP a également produit un manuel sur la finance carbone qui fournit un guide complet, étape par étape, pour savoir si un projet peut être éligible à la finance carbone.

Si vous souhaitez en savoir plus ou discuter des options qui s'offrent à vous, notre équipe d'experts est là pour vous guider et possède une vaste expérience des projets NbS et de carbone bleu. Nous pouvons vous aider à évaluer le potentiel de votre projet à bénéficier de la finance carbone, vous aider à structurer votre projet ou vous soutenir pour mieux comprendre les opportunités liées à ce domaine.




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1] Source : The blue carbon initiative, Coastal Blue Carbon methods for assessing carbon stocks and emission factors in mangroves, tidal salt marshes and seagrass meadows.

[2] Source : https://www.se.com/fr/fr/about-us/newsroom/news/press-releases/label-bas-carbone--ecoact-interxion-france-schneider-electric-france-et-le-parc-national-des-calanques-lancent-le-projet-de-m%C3%A9thodologie-pour-la-pr%C3%A9servation-des-herbiers-marins-prom%C3%A9th%C3%A9e--med-6050b9e9b120ca0dec63cc2b

[3] Source : https://www.iucn.org/resources/issues-briefs/peatlands-and-climate-change

[4] Source : https://www.theguardian.com/environment/2020/sep/09/how-artificial-salt-marshes-can-help-in-the-fight-against-rising-seas-aoe

[5] Source : Substantial blue carbon in overlooked Australian Kelp forests (Filbee-Dexter, K., Wernberg, T., 2020)

[6] Souce : https://ec.europa.eu/clima/policies/strategies/2050_en

[7] Source : https://www.carbonkapture.org/blog/r87trpd128isrubc0vromx9oebnfwz

[8] Source : https://www.se.com/fr/fr/about-us/newsroom/news/press-releases/label-bas-carbone--ecoact-interxion-france-schneider-electric-france-et-le-parc-national-des-calanques-lancent-le-projet-de-m%C3%A9thodologie-pour-la-pr%C3%A9servation-des-herbiers-marins-prom%C3%A9th%C3%A9e--med-6050b9e9b120ca0dec63cc2b

L'équipe Hamerkop