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L'émergence de solutions climatiques naturelles : qui et comment ?

Les concepts autour des solutions basées sur la nature (NbS) peuvent sembler complexes et parfois même intimidants pour les non-initiés. Ce n'est pas une raison pour leur tourner le dos, étant donné qu'elles vont fournir une portion non-négligeable de l'atténuation à bas coût requise d'ici 2030 pour limiter le réchauffement climatique à moins de 2 °C. Le développement économique a entraîné une destruction importante de la nature et une perte de biodiversité à l'échelle mondiale. Les émissions excessives de gaz à effet de serre qui accompagnent ce développement économique contribuent à des changements climatiques importants et à des conditions météorologiques plus extrêmes, ce qui aggrave encore cette destruction[1]. Pour sortir de ce cercle vicieux, les scientifiques et les décideurs politiques encouragent sérieusement la restauration des terres à grande échelle[2].

Les NbS, également appelées solutions climatiques naturelles, sont de plus en plus considérées comme un outil d'atténuation crédible et, lorsqu'elles sont utilisées pour la compensation, elles peuvent également être rentables. À mesure que la sensibilisation au changement climatique s'accroît, un nombre croissant d'entreprises prennent des engagements de neutralité carbone et sont prêtes à soutenir les NbS, que ce soit en parrainant la plantation d'arbres, les pratiques agricoles durables ou en soutenant les efforts permettant d'éviter la déforestation.

Dans cet article, nous passons en revue les fondements techniques des NbS, nous présentons un aperçu de la situation mondiale et enfin nous dressons la carte des acteurs actuellement impliqués dans ce secteur.

Bases scientifiques et techniques

Selon la définition de l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), les NbS sont "des actions visant à protéger, gérer durablement et restaurer des écosystèmes naturels ou modifiés, qui répondent aux défis sociétaux [...] de manière efficace et adaptative, tout en assurant le bien-être de l'homme et des impacts positifs en terme de biodiversité"[3]. L'UICN a également élaboré une liste de 8 principes visant à mettre en place un cadre commun pour les NbS[4]. Sous ce terme générique, les NbS regroupent un large éventail d'actions et d'activités qui ont pour résultat d'améliorer la conservation de la nature, de contribuer à la gestion durable des terres, de restaurer la résilience des écosystèmes naturels et d'aider à atténuer le changement climatique.

Alors que les techniques de restauration et de conservation sont connues et utilisées depuis des décennies, le concept a gagné en popularité au cours des cinq dernières années. En pratique, les NbS sont applicables à différents types d'écosystèmes, comme illustré ci-dessous.

Forêts et arbres

Les forêts représentent environ 30 % de la surface terrestre mondiale[5]. Elles jouent un rôle crucial en tant que puits de carbone, mais la déforestation artificielle contribue à 20 % des émissions de gaz à effet de serre. Les NbS liées aux forêts comprennent :

  • Le reboisement, qui consiste à replanter une zone avec des arbres après qu'elle ait été déboisée par des activités humaines ou une catastrophe naturelle telle qu'une tempête ou un incendie, et le boisement, un processus similaire appliqué aux terres auparavant non boisées telles que les pâturages.

  • L’amélioration de l'état de conservation des forêts en développant des pratiques d'exploitation forestière appropriées, en encourageant la gestion durable des forêts et en évitant la dégradation des forêts tropicales.

Au-delà des forêts, sous certaines conditions, les programmes de plantation d'arbres peuvent être considérés comme des NbS, où qu'ils aient lieu (par exemple dans les villes), étant donné leurs effets positifs potentiels tels que la modération de l'impact des températures élevées, la réduction de la pollution, l'amélioration de la biodiversité, la réduction des risques de glissements de terrain et d'inondations, la filtration de l'eau et l'élimination du carbone de l'atmosphère.

Les terres agricoles

Selon la FAO (Food and Agriculture Organization), les terres agricoles représentent environ 40 % de la surface terrestre mondiale. La plupart sont des pâturages permanents et des terres arables. Les NbS liées à l'agriculture comprennent :

  • L'agriculture durable, des pratiques de production et une planification innovante des paysages agricoles qui augmentent la multifonctionnalité et les services écosystémiques.L'agriculture biologique est une forme d'agriculture durable dont les principes sont définis par des normes.

  • L'agriculture de conservation est un système de production agricole durable et économe en ressources dans lequel les techniques d'exploitation et de gestion des sols sont mises en œuvre pour éviter la perturbation des sols, préserver les terres, la biodiversité et les ressources naturelles[6]. Un exemple bien connu est la réduction du labourage.

  • L'agroforesterie, un système d'utilisation des terres où la disposition spatiale permet aux arbres et aux arbustes de pousser parmi (ou autour) des cultures ou des pâturages. Cela permet des interactions et des avantages tant écologiques qu'économiques.

Les zones humides

Les zones humides sont des zones où l'eau recouvre le sol de façon permanente ou saisonnière. Les zones humides intérieures et côtières sont des puits de carbone très efficaces et soutiennent une diversité biologique spécifique. Les marais à marée, les marécages ou les tourbières sont toutes des formes de zones humides. Les NbS liées aux zones humides comprennent :

  • La restauration, la protection et la gestion des zones humides qui peuvent fournir une multitude de services d'une grande valeur sociale, économique et environnementale[7].

Les écosystèmes côtiers

Les écosystèmes côtiers fournissent un habitat à une grande variété d'espèces marines ainsi que des ressources pour l'homme. Les NbS liés aux côtes comprennent :

  • La replantation et la protection des ceintures de mangroves qui atténuent l'impact des vagues et du vent sur les établissements côtiers, contrôlent l'érosion côtière et séquestrent le CO2. Les ceintures de mangroves constituent également des nurseries pour la vie marine, ce qui peut entraîner une augmentation des moyens de subsistance des populations locales.

  • La restauration des ceintures de récifs, qui renforcent la résilience à l'élévation du niveau de la mer et aux inondations côtières et fournissent des services environnementaux et économiques précieux.

  • La conservation des prairies sous-marines, un groupe de plantes à fleurs adaptées à la vie en eau salée, et l'un des écosystèmes naturels les plus menacés qui contient une quantité importante de carbone stocké dans les sols sous-marins.

Le diagramme ci-dessous[8] montre à quels endroits certaines NbS peuvent être mises en œuvre. 

La mise en œuvre et le suivi des impacts des NbS peuvent être complexes[9] car les approches et les techniques utilisées doivent être spécifiques au type de sol, à l'emplacement, au climat, aux écosystèmes, à la biodiversité et aux besoins humains.

Au-delà de l'urgence de la perte d'habitat naturel, de la biodiversité et du changement climatique, l'émergence de nouvelles approches et de nouveaux outils de financement alimente l'intérêt pour les NbS. L'investissement dans les NbS peut être considéré comme une "approche globale" en termes d'impacts. Il contribue souvent simultanément au stockage du carbone, à la préservation et à la protection de la biodiversité et génère souvent des avantages sociaux et économiques pour les communautés locales. La conservation de 30 % des terres et de l'eau sur Terre pourrait créer jusqu'à 650 000 emplois dans le domaine de la conservation de la nature et les NbS peuvent permettre de réaliser simultanément un grand nombre des Objectifs de Développement Durable[10].

Face aux défis posés par le changement climatique, les NbS devraient contribuer aux efforts d'atténuation et d'adaptation au niveau mondial. En conséquence, 66 % des signataires de l'accord de Paris ont mentionné les NbS dans la première itération de leur contribution nationale, comme l'illustre la carte ci-dessous[11] (pays en vert).

État des lieux et instruments financiers

Le financement des NbS est basé sur la reconnaissance des services fournis par les écosystèmes naturels, notamment en termes de réduction des risques, de protection de la biodiversité et des ressources, de capture et de stockage du carbone. Dans ce contexte, les différents instruments et véhicules financiers présentés ci-dessous peuvent être mobilisés.

Le Paiement des Services Ecosystémiques (PSE) est un concept de marché bien établi, considéré comme un outil politique efficace pour coordonner le développement socio-économique et la protection de l'environnement, et qui a la capacité d'encourager le développement des NbS. Les paiements incitent les personnes qui gèrent et utilisent les ressources naturelles, généralement les propriétaires de forêts ou les agriculteurs, à gérer leurs ressources de manière durable et à mettre en œuvre de bonnes pratiques, ce qui génère des impacts précieux suivis et quantifiés.

La finance carbone est un système de PSE basé sur la monétisation de la réduction ou de l'évitement des émissions de gaz à effet de serre. De nombreux projets de financement du carbone sont enregistrés auprès de systèmes de certification tiers qui délivrent des crédits carbone pour chaque tonne de CO2e évitée ou réduite, tels que le Gold Standard ou le Verified Carbon Standard. Le financement de NbS par la vente de crédits carbone est adapté car il ne nécessite pas une connaissance sophistiquée des marchés financiers, il fournit au financeur du projet un produit ou un service qui a une valeur tangible et il est un indicateur de performance en soi. Toutefois, d'autres instruments peuvent être utilisés pour financer les activités à mettre en œuvre, comme par exemple :

Les subventions

Jusqu'à présent, les subventions ont été l'instrument financier le plus populaire pour les activités NbS. Les subventions publiques, les fonds philanthropiques ou même les dons de particuliers prennent souvent la forme de donts. Le financement est généralement acheminé par des intermédiaires tels que des fonds publics ou des ONG vers les organisations locales qui mettent en œuvre les projets.

Exemple: Conservation International est l'une des plus grandes ONG qui se consacre à la protection et à la restauration des écosystèmes naturels, à la protection de la nature pour enrayer le changement climatique, à la protection des océans et à la promotion de la durabilité des terres et des eaux. La plupart des aides financières sont reçues et utilisées sous forme de subventions pour la mise en œuvre de projets.

Les dettes et les capitaux propres

Les NbS peuvent avoir des modèles commerciaux fiables qui génèrent des revenus et aident à placer ces projets sur la voie de l'indépendance et de la pérennité financière. Alors que les prêts entraînent l'émission de dettes, les capitaux propres sont des capitaux provenant d'investisseurs en échange de la participation au capital. Comme la mesure du risque et du retour sur investissement n'est pas toujours évidente dans le domaine des NbS, ce type de financement en est encore à ses débuts et tend à s'orienter vers les entreprises plutôt que vers les projets.

Exemple: Le Fonds néerlandais pour le climat et le développement est doté de 160 millions d'euros et investit dans l'agroforesterie, l'utilisation durable des terres et la production alimentaire résistant au climat. Une partie de ce financement est fournie sous forme de subvention au développement pour élaborer des analyses de rentabilité viables et le reste sous forme de dettes ou de capitaux propres pour financer les entreprises créées et mises en place.

Bien que le financement du climat ait dépassé pour la première fois les 500 milliards de dollars par an en 2017, seul 1 % de ce montant a été dirigé vers les NbS[12]. Malgré leur potentiel important, les NbS restent complexes pour les investisseurs et présentent de nombreux défis pour les décideurs politiques qui doivent fournir un cadre législatif approprié. Bien qu'il ne s'agisse actuellement que d'une petite partie de l'ensemble du financement climatique, il existe un certain nombre de porteurs de projets, de développeurs et d'investisseurs clés déjà actifs dans ce secteur, et qui sont mis en évidence ci-dessous.

Les porteurs et les développeurs de projets

Pour entreprendre des projets NbS, il faut des terres et des ressources. Par conséquent, une ou plusieurs organisations sont nécessaires pour les mettre en œuvre et les financer. Les activités NbS impliquent une grande variété de parties prenantes qui interagissent entre elles : propriétaires fonciers, communautés locales, organisations non gouvernementales et entreprises privées. Dans les pays en développement, les autorités peuvent également s'impliquer, car les questions relatives au régime foncier et à la propriété des terres peuvent entraîner des conflits[13] lors de la mise en œuvre des activités et du partage des bénéfices y résultant.

Les propriétaires fonciers

Qu'ils soient des particuliers (propriétaires fonciers privés), des entreprises privées ou des institutions publiques (États, municipalités), les propriétaires fonciers ont une relation étroite avec la nature. Les NbS impliquent souvent qu'ils modifient leurs pratiques actuelles de gestion des terres. Certaines pratiques telles que l'agroforesterie ou la régénération naturelle des forêts pourraient entraîner des coûts supplémentaires importants avec peu de bénéfices au cours des premières années. Les paiements pour les services écosystémiques pourraient alors être utilisés comme levier pour récompenser les propriétaires fonciers et déclencher des investissements supplémentaires.

Exemples:

  • En France, des propriétaires forestiers individuels[14] réunis au sein d'une association ont bénéficié de financement liés à la compensation carbone volontaire (par le biais du standard national Label Bas Carbone) pour reconstituer des forêts détruites par une tempête.

  • Au Cambodge, la Wildlife Alliance a permis au projet de conservation et d'agriculture de la forêt de la cardamome du Sud de soutenir directement les moyens de subsistance de 21 villages et de bénéficier aux municipalités propriétaires des terres forestières[15].

  • La brasserie Brewdog[16], a acheté 810 ha de terrain en Écosse et s'est engagée à planter plus d'un million d'arbres au cours des prochaines années pour compenser ses émissions de carbone indirectes grâce à l'accréditation au Woodland Carbon Code.

Les communautés locales

Que les activités consistent à éviter la déforestation, à conserver les écosystèmes côtiers ou à modifier les pratiques agricoles, les NbS ont un impact sur les communautés vivant à l'intérieur et à l'extérieur de ces lieux. Habituellement rassemblés, mobilisés et sensibilisés par les associations locales, les villageois et les habitants des forêts peuvent être touchés par les activités ayant lieu sur des terres sur lesquelles ils peuvent avoir des droits coutumiers. Les communautés locales prennent souvent part à des activités avec différents niveaux d'implication. Non seulement elles participent aux travaux (ex : plantation d'arbres), mais elles doivent être les premières à bénéficier des avantages sociaux et économiques des activités mises en œuvre, afin de garantir un niveau élevé d'acceptabilité.

Exemple: au Kenya, le projet Mikoko Pamoja[17], premier projet de carbone bleu au monde, est un projet de conservation et de restauration de la mangrove mené par une communauté locale qui bénéficie d'un habitat de nurserie pour les poissons, d'une amélioration de la biodiversité, de l'apiculture et de l'écotourisme. Le projet est certifié conforme à la norme carbone Plan Vivo et coordonné par l'Association pour les services écosystémiques côtiers.

Source : Hamerkop soutient un projet REDD au Soudan impliquant les communautés locales (photo : Hamerkop & Etifor).

Les organisations non gouvernementales

Les ONG et les organisations à but non lucratif opèrent au niveau mondial dans le domaine du reboisement, de la restauration et de la conservation des terres depuis de nombreuses années, bien avant que le concept des NbS n'émerge. Elles le font parce que l'agriculture et les écosystèmes naturels sont la clé de la lutte contre la pauvreté, de la réduction des effets des catastrophes naturelles et climatiques (tempêtes, sécheresses, etc.) et de la préservation de la biodiversité. La plupart d'entre elles recueillent des dons auprès de particuliers ou d'entreprises en Europe et en Amérique du Nord et financent des projets dans les pays en développement, généralement sans recourir à des mécanismes de marché mais en collaboration avec des ONG, des communautés ou des institutions locales.

Exemple: Eden Reforestation Projects, une ONG basée aux États-Unis, a planté plus de 480 millions d'arbres dans de nombreux pays en développement. Ils sont soutenus par des dons philanthropiques, notamment de la part d'organisations désireuses de compenser leurs propres émissions. Leur principale motivation est de fournir des emplois à des salaires équitables à des villageois appauvris en tant qu'agents de la restauration des forêts dans le monde.

Les entreprises privées

Les entreprises privées ont plus souvent été de l'autre côté de la table lorsqu'il s'agit des NbS, ayant des pratiques menant à la déforestation, la dégradation des terres, l'utilisation d'engrais chimiques pour l'agriculture ou la destruction d'écosystème pour la construction de stations balnéaires et de logements. L'émergence des NbS et la sensibilisation croissante du public au changement climatique ont donné aux entreprises privées une raison et des outils pour lutter contre la dégradation de l'environnement et conduisent au développement de nouvelles opportunités. De nouveaux besoins apparaissent, et un nombre croissant d'entreprises proposent désormais des services financiers et techniques liés aux NbS ou offrent de soutenir financièrement les NbS.

Exemples:

  • CHOOOSE, une start-up norvégienne, aide les particuliers et les organisations à réduire leur empreinte carbone en supprimant les obstacles au soutien des projets d'atténuation du changement climatique, notamment de reforestation et de prévention de la déforestation, dans le monde entier, grâce à une gamme d'API et d'outils informatiques.

  • Wildlife Works, un développeur de projets de conservation des forêts, conçoit, structure, met en œuvre et facilite le financement d'une série de projets situés dans des points chauds de la déforestation en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud.

  • Nori, un plateforme de marché en ligne, aide les agriculteurs d'Amérique du Nord à modifier leurs pratiques afin d'améliorer le carbone stocké dans les terres agricoles, en créant des actifs carbone qui peuvent être achetés par des entreprises et des particuliers désireux de soutenir l'action climatique.

Les bailleurs de fonds et les investisseurs

Pour faire face à l'urgence climatique, il faut une action collective et la mobilisation d'un financement important. Les secteurs public et privé ont tous deux un rôle à jouer.

Les fonds publics

Les NbS étant un concept relativement nouveau, l'utilisation de fonds publics est souvent nécessaire pour amorcer leur mise en œuvre, réduire les risques et obtenir un financement supplémentaire du secteur privé. Alors que les pays industrialisés se sont engagées à verser 100 millions de dollars par an pour le financement de la lutte contre le changement climatique dans les pays en voie de développement, la France a récemment annoncé que 30 % de sa contribution irait aux NbS. Ces financements sont généralement destinés à de grands fonds multilatéraux spécialisés, à des fonds d'aide technique, distribué sous forme d'aide bilatérale au développement ou utilisés comme garantie financière pour le secteur privé.

Exemple: le Fonds vert pour le climat est le plus grand mécanisme de financement de l'accord de Paris. Il offre des subventions, des prêts, des fonds propres, des garanties et des paiements basés sur les résultats et finance à la fois le secteur privé et le secteur public. Il finance activement les NbS, notamment les forêts et l'utilisation des terres ainsi que les écosystèmes et les services écosystémiques.

Les fonds privés

Dans son rapport annuel sur l'écart des émissions de gaz à effet de serre, le programme des Nations unies pour l'environnement ne cesse d'insister sur l'écart entre l'objectif de température de 2°C et les engagements pris par les gouvernements. On estime que cet écart pourrait être financé par le secteur privé sur une base de volontariat. La sensibilisation croissante des consommateurs pousse certaines entreprises à financer cet écart. La plupart d'entre elles le font en plantant des arbres ou en finançant la restauration d'écosystèmes plus complexes par le biais de la finance carbone.

Exemples:

  • Mirova Natural Capital est un des pionniers sur NbS en matière de gestion d'actifs avec $400 millions actuellement investis dans la conservation des écosystèmes et l'agroforesterie durable. Mirova vise à atteindre un milliard d'euros d'ici 2022. Les retours financiers sont générés par la production et la vente de produits agricoles ou forestiers (ex : cacao certifié, bois FSC, etc.) et de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

  • Total a lancé en 2019 Total Nature Based Solutions, une nouvelle unité dotée d'un budget de $100 millions, pour financer et développer des projets dédiés aux puits de carbone naturels (activités de plantation, gestion durable des forêts, agroforesterie, agriculture et conservation d'espèces remarquables), et qui vise à générer des bénéfices en termes de biodiversité.

Les défis à relever

Alors que l'intérêt et les connaissances de la communauté mondiale autour des NbS pour la lutte contre le changement climatique augmentent, les activités et les sources de financement restent très fragmentées. En outre, les NbS présentent un profil d'investissement difficile pour beaucoup, avec des risques élevés et des rendements incertains. L'insuffisance de la collaboration entre les scientifiques, les entreprises et les décideurs politiques entrave également l'expansion des NbS.

La finance carbone est un outil de financement fantastique pour les NbS, même s'il subsiste des incertitudes quant au piégeage du carbone dans les écosystèmes naturels et à l'impact du changement climatique sur l'évolution des stocks de carbone, ce qui nécessite d'améliorer notre compréhension scientifique des impacts de les NbS. Les principes de compensation d'Oxford[18] considèrent notamment les NbS comme un moyen crédible pour les entreprises de compenser leurs émissions de gaz à effet de serre.

Enfin, des progrès restent à faire dans la définition de schémas opérationnels qui pourraient guider efficacement les applications des NbS sur le terrain. Plusieurs initiatives vont dans ce sens. Par exemple, Nature4Climate, une alliance d'associations de protection de la nature, d'organisations multilatérales et d'entreprises fondée en 2017 pour promouvoir l'action et l'investissement dans les NbS. Des accords et des cadres (internationaux et nationaux) sont en cours d'élaboration et des propositions de normes sont publiées, c'est notamment le cas de la norme mondiale de l'UICN pour les solutions basées sur la nature[19].

Conclusion

Même si les NbS reposent sur des techniques d'ingénierie et des principes de gestion des terres établis depuis longtemps, le concept tel qu'il est connu dans le contexte du changement climatique est relativement récent et sa définition scientifique et ses mécanismes de financement méritent encore d’être clarifiés et améliorés. Pour relever ce défi, un large éventail de parties prenantes (tant du secteur public que du secteur privé) se sont engagées à travailler ensemble pour profiter au mieux des avantages des Nbs dans la lutte contre le changement climatique.

HAMERKOP travaille avec des propriétaires fonciers privés afin de déterminer le potentiel pour eux de mettre en œuvre des NbS financés par la finance carbone. Les experts de HAMERKOP travaillent sur les NbS depuis plus de 15 ans et peuvent vous aider à évaluer le potentiel de vos activités NbS à bénéficier d'un financement carbone, vous aider à structurer les NbS ou aider les entreprises à s'y retrouver dans ce nouveau paysage.


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[1] Source : Malhi Y, Franklin J, Seddon N, Solan M, Turner MG, Field CB, Knowlton N.2020 Changement climatique et écosystèmes : menaces, opportunités et solutions. Phil. Trans. R. Soc.B375 : Avril 2019

[2] Source : Le Programme des Nations unies pour l'environnement et les neuf volets du Sommet sur l'action climatique. Lien : https://www.unenvironment.org/unga/our-position/unep-and-nine-tracks-climate-action-summit

[3] Source : Cohen-Shacham E., Walters, G., Janzen, C. et Maginnis, S. (eds.) (2016). Solutions basées sur la nature pour relever les défis sociétaux mondiaux. Gland, Suisse : UICN. xiii + 97pp.

[4] Source : Cohen-Shacham E et al, Core principles for successfully implementing and upscaling nature-based Solutions, Environmental Science & Policy Volume 98, août 2019, pages 20-29

5] Selon la définition de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO)

[6] tel que défini par la Conservation Agriculture Association du Royaume-Uni

[7] Source : Thorslund J. et al, Wetlands as large-scale nature-based solutions : Status and challenges for research, engineering and management, Ecological Engineering, Volume 108, Part B, November 2017, Pages 489-497

[8] Source : Graphique : Natasha de Sena, Université et recherche de Wageningen

[9] Source : Principes fondamentaux pour la mise en œuvre et la transposition à plus grande échelle de solutions basées sur la nature (Cohen-Shachamab et al., 2019)

[10] Source : Valoriser la conservation de la nature, une méthodologie pour évaluer où la sauvegarde du capital naturel pourrait avoir le plus grand impact sur le climat, les économies et la santé. Lien : https://www.mckinsey.com/business-functions/sustainability/our-insights/valuing-nature-conservation

[11] Source : Nature-based Solutions Policy Platform, Université d'Oxford. Lien : https://www.nbspolicyplatform.org/adaptation-planning/adaptation-action-types/nature-based-actions/

[12] Source : IPC, 2019. Global Landscape of Climate Finance 2019 [Barbara Buchner, Alex Clark, Angela Falconer, Rob Macquarie, Chavi Meattle, Rowena Tolentino, Cooper Wetherbee]. Climate Policy Initiative, Londres.

[13] Source : Garantir les droits fonciers des peuples autochtones et des communautés comme solution naturelle au changement climatique : https://wedocs.unep.org/bitstream/handle/20.500.11822/28942/SecureIP.pdf?sequence=1&isAllowed=y

[14] Source : Le carbone au CNPF, un savoir-faire au service des forestiers et des entreprises responsables. Lien : https://www.foretpriveefrancaise.com/data/fe245_7_15.pdf

[15] Source : Le projet REDD+ de la Cardamome du Sud. Lien : https://registry.verra.org/app/projectDetail/VCS/1748

[16] Source : Brewdowg. Lien : https://www.brewdog.com/uk/tomorrow

[17] Source : Projet Mikoko Pamoja. Lien : https://www.planvivo.org/mikoko-pamoja

[18] Source : Principes pour une compensation carbone crédible. Lien : https://www.ox.ac.uk/news/2020-09-29-oxford-launches-new-principles-credible-carbon-offsetting

[19] Source : Norme mondiale de l'UICN pour les solutions basées sur la nature : première édition. Lien : https://portals.iucn.org/library/node/49070